C’est l’émission «Schweiz aktuell» de la télévision alémanique SRF qui a mis le feu aux poudres à la fin de l’année dernière. Pourtant, au premier abord, la nouvelle semblait plutôt bonne. La petite commune de Coinsins, située à quelques kilomètres de Nyon, serait la plus riche de tout le pays.
Ce classement se base sur le montant de l’impôt fédéral direct versé en 2010. Le village de 394 habitants se serait acquitté de 41’724 francs par contribuable. Problème, depuis cette annonce, les médias de toute la Suisse souhaitent connaître la recette d’un tel succès financier. Ce qui agace le syndic.
Artificiel
«C’est totalement artificiel comme classement, tonne Bernard Gétaz, à la tête de la commune depuis 2011 et responsable, notamment, des finances. Evidemment, nos comptes sont plutôt bons grâce notamment à la présence sur nos terres du géant pharmaceutique Merck Serono. Mais en y regardant de plus près, et ce classement ne le dit pas, nous reversons une bonne partie de nos recettes au canton de Vaud. Quasiment 97 ou 98% de ce que nous touchons, c’est énorme!»
Effet direct de la péréquation financière, cette réalité n’est, en effet, pas mentionnée par l’émission alémanique. En se baladant à Coinsins, on le constate rapidement, il n’y a pas d’embouteillages de Rolls-Royce ou de jets privés. Au contraire, la commune ressemble à tous les petits villages de la Côte avec ses ruelles tranquilles et ses petites maisons.
Hausse des impôts
Dans ce contexte, Bernard Gétaz ne souhaite pas que l’on pointe du doigt sa commune et qu’on en fasse un îlot de richesse niché sur les hauteurs de Nyon. Bien au contraire.
«Avant la péréquation de 2011, les comptes étaient, il est vrai, nettement excédentaires. Mais depuis ce changement de répartition des charges entre communes et canton, ce n’est plus le cas. Nous vivons sur nos réserves. Et même si le taux d’imposition est bas par rapport à l’ensemble du canton, un habitant de Coinsins paie toujours plus qu’un Zürichois. Il faut donc relativiser.»
Ces prochains mois, le syndic l’affirme haut et fort, la fiscalité risque de se durcir dans le petit village du district de Nyon. Il faudra s’adapter à la péréquation et demander davantage aux contribuables. Reste que ces derniers auront toujours le choix de migrer à quelques encablures de là.
En effet, les communes de Vaux-sur-Morges ou Saint-Prex figurent également en tête du classement de la SRF. On y trouve aussi des taux d’imposition préférentiels. Même si ces villages reversent une bonne partie de leur surplus financier, il fera toujours bon y vivre. Nettement mieux qu’à Lohn dans les Grisons. Une commune de 46 habitants considérée comme la plus pauvre de Suisse...