Un usage du subjonctif très conditionnel

CHRONIQUE SATIRIQUE - Dans la très étendue palette de compétences que nos policiers se doivent désormais d’arborer, il va effet falloir désormais compter avec le subjonctif.

Il était couru qu’un jour ou l’autre cela arrivât et que tous tôt ou tard le sussent ou même dussent le savoir.

Car dans la très étendue palette de compétences que nos policiers se doivent désormais d’arborer – entre pères fouettards, assistants sociaux, psychologues, proctologues et justiciers des temps modernes –, il va effet falloir désormais compter avec le subjonctif.

Oui, le subjonctif, un mode de conjugaison mal-aimé et désuet qui fleure bon le défunt Jean d’Ormesson et que nos gauchistes bobos n’ont pas encore jugé bon de faire éliminer pour cause de discrimination de classe, au profit de leur novlangue militante.

Un subjonctif donc, qui apparemment devrait seoir à nos pandores nostalgiques de temps anciens, de muscles gonflés et de langue tout aussi châtiée que leurs victimes.

La semaine dernière en effet, deux policiers lausannois ont été reconnus coupables par le tribunal, l’un pour avoir frappé un suspect appréhendé par erreur, un «abus d’autorité» selon la juge, l’autre, son collègue donc, pour avoir selon le procureur, «enjolivé la réalité» dans son rapport.

Pour sa défense, ce fin érudit et véritable homme de lettres à ses heures, par ailleurs aux états de service irréprochables, a concédé qu’il aurait dû être plus précis et «tourner certaines phrases (de son rapport) au subjonctif». Un argument littéraire qui n’a pas convaincu le tribunal qui l’a donc condamné à 30 jours-amende avec sursis.

Reste donc une question cruciale de déontologie: dans le futur, ce jugement pouvant faire office de jurisprudence, l’usage du subjonctif au sein de l’administration policière sera-t-il impératif, conditionnel ou indicatif?