Cela m’énerve quand j’entends des hommes dire que les prostituées choisissent leur métier pour le plaisir physique et parce qu’elles aiment ça!? Selon moi, il faut être dans une grave situation de nécessité financière et de tragédie sociale pour en arriver là…?
Les relations sexuelles tarifées servent certainement plus à soulager les besoins des clients qu’à satisfaire ceux des prostituées. Il s’agit d’une forme de troc pratiquée depuis l’Antiquité: je te prête mon corps en échange d’argent. Difficile d’imaginer qu’une femme puisse ressentir du désir ou du plaisir dans ce contexte «commercial». Celles que j’ai lues ou entendues, tiennent à dissocier leur vie professionnelle de leur vie privée et ont de la peine à parvenir à la jouissance, même avec leur amoureux, car cette séparation n’est pas si aisée à mettre en œuvre dans la pratique. Et si j’ai connu des hommes qui se donnaient comme challenge de faire jouir une fille de joie, jamais aucun ne s’est vanté d’y être parvenu.
Les parcours de vie des travailleuses du sexe sont émaillés de carence affective, de maltraitance infantile, d’abus sexuels ou d’importantes difficultés psychosociales. Je ne pense pas que l’on choisisse ce métier par goût, mais plutôt par nécessité, et surtout quand on n’a pas d’autre moyen de gagner sa vie. Car il semble que la réalité vue du côté des femmes est nettement moins enchanteresse et idyllique que la perspective perçue du côté des hommes, surtout lorsqu’il s’agit de leurs clients réguliers (dont certains ont beaucoup de tendresse et de respect pour elles). Cependant, elles ont clairement une utilité publique pour les timides et les handicapés.
Même les actrices du X qui recherchent des expériences diverses et variées renoncent vite en raison de l’absence de plaisir et des contraintes exigées par les producteurs de films pornos. Toute la difficulté est la connotation extrêmement négative qui est reliée aux métiers du sexe. Celles qui tentent d’en sortir et de se reconvertir professionnellement sont freinées par la mauvaise image sociale qui leur colle à la peau. Les associations qui s’efforcent de les protéger et de les aider font un magnifique travail de prévention et de réinsertion.
Pour une réponse personnelle, écrivez à: Dr Juliette Buffat, GHI, CP 167, 1211 Genève 4. Joindre une grande enveloppe (18x25 cm) timbrée. Les lettres ne sont pas ouvertes par la rédaction. Ou envoyez vos questions par e-mail à l’adresse: cherejuliette@ghi.ch