Fais-moi mal !

Ma nouvelle petite amie me demande d’être plus violent sexuellement avec elle. Mais je ne sais pas jusqu’où je peux aller ? Ce n’est pas que je suis contre les jeux sado-masos ou SM, mais je suis très amoureux d’elle et crains de la blesser physiquement ou affectivement.

Vous connaissez peut-être la chanson de Boris Vian «Johny fais-moi mal!» qui décrit fort bien la difficulté à pratiquer ce type de jeu érotique sans déraper dans l’excès? Si vous êtes intéressé par une relation qui érotise la soumission et la domination, c’est peut-être que vous l’avez déjà expérimentée vous-même?

Mais il faut distinguer les jeux soft avec foulard pour bander les yeux, menottes en fourrure, petite fessée, incluant quelque déguisement ou travestissement pour pimenter la mise en scène, des jeux hard avec un fouet, une cravache, un martinet, des cordes, une croix ou d’autres instruments plus sophistiqués, qu’il faut impérativement apprendre à manier.

Psychologiquement, les relations sado-maso permettent aux victimes de maltraitance de se venger en prenant la place du bourreau, une façon d’exorciser des abus subis dans le passé. Ou de les sublimer en répétant un scénario imposé dans l’humiliation et de le transposer dans une situation où cela est demandé, cette fois dans le but d’en retirer du plaisir. ar physiquement ce sont les mêmes nerfs sensitifs profonds qui conduisent les signaux de douleur et ceux du plaisir. Sexuellement, nous frôlons tous occasionnellement cette frontière où l’on peut basculer d’une sensation à l’autre.

Les adeptes du sadomasochisme décrivent souvent ces expériences comme une forme de dépassement de soi. La douleur physique exerçant notre capacité à dissocier notre corps de notre esprit, ce qui permet d’échapper à la souffrance.

Cet état de conscience modifié est utilisé à but thérapeutique en méditation ou en hypnose par exemple.

Pour prendre toutes vos précautions, il est nécessaire de fixer un cadre très clair en discutant avec votre amie pour savoir précisément ce dont elle a envie (ou pas !) et en décidant ensemble un mot-clé qui lui permettra de dire stop si vous dépassez son seuil de tolérance.

Je comprends bien votre crainte de la blesser et de déraper, car ces jeux sont d’autant plus dangereux quand on les pratique «par amour» pour l’autre.

Pour une réponse personnelle, écrivez à: Dr Juliette Buffat, GHI, CP 167, 1211 Genève 4. Joindre une grande enveloppe (18x25 cm) timbrée. Les lettres ne sont pas ouvertes par la rédaction. Ou envoyez vos questions par e-mail à l’adresse: cherejuliette@ghi.ch