A Crissier, la campagne concernant le projet immobilier En Chise dérape

CRISSIER • Le sort du futur projet immobilier En Chise se jouera dans les urnes le dimanche 18 juin prochain, après un référendum spontané accepté par le Conseil communal en septembre dernier. Dans la commune, la campagne bat son plein et le ton se fait toujours plus virulent.

  • Quelques membres de Sauvegardons Crissier: Patrick Voegelin, conseiller communal, André Tharin; Rebecca Voegelin; Silvia Losada, conseillère communale; Lorna Hinde; Fabien Dousse, conseiller communal. MISSON-TILLE

    Quelques membres de Sauvegardons Crissier: Patrick Voegelin, conseiller communal, André Tharin; Rebecca Voegelin; Silvia Losada, conseillère communale; Lorna Hinde; Fabien Dousse, conseiller communal. MISSON-TILLE

«Nous devrions pouvoir en débattre sereinement»

Oriane Sarrasin, présidente du Regroupement écologiste et social

 

Une remorque se déplaçant au son de cloches de vaches et promenant un immense panneau «Non à En Chise!» circule dans les rues de Crissier. A son bord, on trouve notamment Fabien Dousse, conseiller communal membre de l’association Sauvegardons Crissier (SC) et président du comité référendaire. Avec ses acolytes, il sillonne la ville afin d’encourager les citoyens à refuser le plan d’affectation du quartier En Chise, qui sera soumis au vote populaire le 18 juin. Dix-huit bâtiments et 1130 habitants-emploi, un projet que l’association trouve  démesuré.
«David contre Goliath»
Leur cheval de bataille: préserver la qualité de vie des Crissirois. «En disant non à ce plan d’affectation, nous voulons revenir autour d’une table pour bâtir un quartier plus humain au moyen d’une vraie démarche participative», défend Fabien Dousse. Il n’hésite pas à évoquer le combat de David contre Goliath lorsqu’il parle de la campagne qui oppose SC aux autres partis et à Patrimonium, la société de gestion d’actifs qui a développé le projet.
L’association a d’ailleurs refusé de participer au débat public qui devait se tenir le 6 juin. «Nous avons demandé à la Municipalité des garanties d’équité conditionnées à notre participation. Avec un, voire deux intervenants de notre côté contre quatre en faveur du projet, quand bien même il y avait un temps de parole égal par intervenant, nous nous retrouvions avec deux fois plus de temps donné aux partisans. Nous avons alors refusé de participer à un débat que nous considérons truqué», détaille Fabien Dousse. Finalité: la Municipalité a annulé l’événement à la dernière minute puisque le fondement propre du débat n’était «plus justifié» et pour éviter des retombées juridiques.
Mauvaise tournure
De son côté, la présidente du Regroupement écologiste et social (RESOC) Oriane Sarrasin se désole de la tournure que prend cette campagne. Répondant aux soupçons de supposés liens d’intérêts liant les tenants du oui à Patrimonium, le RESOC veut montrer que l’on peut en toute honnêteté adhérer à ce projet sans intérêts privés: «Nous avons nos propres raisons de le soutenir, parce que nous avons obtenu des améliorations sociales et écologiques qui ont convaincu le groupe après de longues heures de discussion.» Elle poursuit: «L’aménagement du territoire est un thème important: il est légitime que cela génère des inquiétudes, mais nous devrions pouvoir en débattre sereinement. Nous regrettons vivement la forme du débat que nous ne trouvons pas constructif.»
Elle s’insurge notamment des propos tenus par Fabien Dousse sur les réseaux lorsqu’il a fait allusion aux collaborateurs de la Seconde Guerre mondiale à l’encontre d’une habitante qui avait rejoint le camp partisan, en la gratifiant d’un «Sieg Heil Frau». «Cela nous met mal à l’aise. Ces propos ne sont pas ceux qu’un élu devrait avoir, et sont des attaques personnelles contre les citoyens. C’est contraire à nos valeurs.»
«Puéril et ridicule»
Pour sa défense, Fabien Dousse explique: «Il est facile de ne garder qu’un morceau du contexte, qu’il faut connaître pour comprendre; l’habitante à qui j’ai répondu cela nous traînait continuellement dans la boue, en nous traitant de menteurs. Il s’agissait d’une opposante lors de la mise à l’enquête, qui n’a toujours pas levé son opposition. Je comprends que la référence ait fait réagir, et je l’assume totalement.»
Début juin, les débordements sont passés au cran supérieur avec l’arrachage d’affiches en faveur du «oui». Une action que l’élu Simon Barraud a immédiatement condamnée sur les réseaux sociaux: «Nous reconnaissons que certaines personnes isolées ont pris des mesures extrêmes. Nous tenons à souligner que ces actions ne représentent en aucun cas les valeurs et les principes de Sauvegardons Crissier», a-t-il communiqué.
Fabien Dousse renchérit: «Cela nous touche car lors du référendum concernant le Château, la même chose avait été faite contre nos affiches. Nous trouvons cela puéril et ridicule», conclut-il. En présence d’une forte mobilisation pour et contre dans l’espace public, de nombreux feuillets d’information et d’échanges parfois houleux sur les réseaux, il appartient maintenant à chaque Crissirois de faire son choix.