Une deuxième vie pour les édifices religieux

- Des édifices religieux sont vendus, désacralisés ou désaffectés dans les cantons de Vaud et de Genève.
- Temples et églises laissent parfois place à des idées insolites comme un mur d’escalade au cœur d’une nef.
- En cause, le manque de fidèles et de moyens financiers des Eglises catholique et protestante.

  •  La Chapelle des Terreaux accueille désormais un espace culturel. ABDESSEMED

    La Chapelle des Terreaux accueille désormais un espace culturel. ABDESSEMED

  •  L’église de Malines en Belgique, transformée en... hôtel. DR

    L’église de Malines en Belgique, transformée en... hôtel. DR

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    L’église de Malines en Belgique, transformée en... hôtel. DR

«On ne peut plus se voiler la face, il y a moins de fidèles» Paolo Mariani, Eglise protestante vaudoise

Grandeur majestueuse d’un édifice où la voix fait écho. Ici, un orgue, là, des vitraux et au sommet parfois une croix, un clocher. Aucun doute, il s’agit bien d’un temple ou d’une église. Et pourtant à y regarder de plus près, de drôles de fidèles les occupent et pour cause.

Ces lieux ont été vendus et désacralisés ou désaffectés. Dans les cantons de Genève et Vaud comme dans les plus grandes capitales mondiales, les idées insolites fleurissent: une église abritant un mur d’escalade ou un temple transformé en centre social. La cause? Des croyants moins fidèles, des dons qui ne suffisent plus à entretenir les édifices et des espaces devenus obsolètes.

Ascension sportive

«Cela fait dix ans que l’association sportive Les amis montagnards a acheté l’église du Petit-Lancy (GE)», explique Isabelle Terrier, présidente de l’association. Face à l’entrée, droit devant, un mur d’escalade impressionnant est érigé sous la nef.

Si le lieu a perdu son esprit religieux, l’idée d’ascension, elle, persiste. «Cette église a été construite en 1904 et a servi de lieu de culte pendant 50 ans avant d’être rachetée par une Cidrerie puis par une entreprise qui s’en servait comme dépôt de boisson», retrace la présidente.

Garder mais transformer

Du côté du temple des Pâquis à Genève, ce n’est pas le septième ciel que l’on vise mais la solidarité. A l’intérieur, dealers, sans papiers, personnes en difficultés se croisent, se renseignent, patientent ou discutent. «Trois associations y cohabitent, raconte Dominique Hiestand, Président de l’Espace solidaire des Pâquis. Deux d’entre elles sont laïcs. Ce temple permet de recevoir des personnes en difficulté à qui l’on offre un accueil d’urgence ou un service juridique». Le lieu a été transformé sous l’impulsion de l’Eglise protestante elle-même.

«C’est une vitrine sociale pour l’Eglise et un modèle d’ouverture et de diversité», s’enthousiasme le pasteur Philippe Leu, chargé de l’association Evangile et travail. Mais si certains édifices comme celui-là conservent leur âme, d’autres sont tout simplement vendus.

Manque de fidèles

«Les églises protestantes ont des problèmes financiers, reconnaît Eric Vulliez, codirecteur responsable de l’immobilier de l’Eglise protestante de Genève. Pour tenir le budget et payer les pasteurs nous vendons certains biens immobiliers». Parmi eux, le temple du Grand Lancy et le Centre œcuménique des Avanchets.

«Nous veillons à ce que ces édifices soient vendus à des associations ou aux communes afin qu’il y ait toujours un lien avec l’intérêt public», souligne-t-il. Dans le canton de Vaud le constat est similaire et quelques lieux très symboliques, comme la chapelle des Terreaux à Lausanne, ont été transformés.

«On ne peut plus se voiler la face, appuie Paolo Mariani, responsable de la communication de l’Eglise protestante. On a moins de fidèles par tradition. Les bâtiments sont donc moins utilisés et c’est une motivation pour vendre.»

Budget déficitaire

Même son de cloche du côté catholique. «Pour l’instant nous n’avons pas de nouveaux projets de vente, explique Guylaine Antille, chargée de communication pour l’Eglise catholique de Genève. Le budget total est néanmoins déficitaire.

Dans le canton de Vaud, les édifices religieux catholiques sont en revanche plus rares et les premiers datent de 1964. «Même si les églises ont moins la cote, aucune vente n’est à l’ordre du jour», confie Jean-Brice Willemin, porte-parole de l’Eglise catholique de Vaud.