Les Bains de Chailly, à la source de la Fontaine bénite...

BASTUBA - Malgré des eaux d’une composition tout ce qu’il y a de plus banale, la création des Bains de Chailly fut néanmoins autorisée par la municipalité au début de l’été 1833.

On trouvait au Moyen Âge des bains ou des étuves – qui portaient curieusement le nom allemand de bastuba – le long du cours du Flon, dans la rue du Pré ou rue Cheneau-de-Bourg. Situés dans les quartiers malfamés, ces établissements n’étaient pas sans poser des problèmes d’ordre public. Ils finirent par être fermés, et il ne fut plus question de bains publics jusqu’à la construction d’une buanderie en 1853 par le riche banquier retraité William Haldimand.
Initialement située à l’emplacement de l’actuelle aile nord du palais de Rumine, elle fut transférée en 1893 au n° 1 de la rue de l’Industrie. La buanderie Haldimand comptait 68 places de laveuses, 24 chambres de bains, des douches simples, une étuve de désinfection et une piscine de 15 mètres par 9. Elle a été démolie en 1976.
L’hygiène étant devenue un besoin avéré, comme en témoigne le succès de la source de la Poudrière, bien fréquentée, les bains publics vinrent à la mode au XIXe siècle. Le propriétaire de la source nommée «Fontaine bénite» au Dévent, au-dessus de Chailly, et mentionnée en ces termes dès le XVIIe siècle, y vit une chance d’établir un bain public, avec la «traiterie» à laquelle cette affectation donnait droit – entendez: un débit de vin, restaurant, musique et danse.
Analyse décevante
L’analyse officielle de l’eau fut en revanche très décevante: sa composition est tout à fait banale. Selon cet avis scientifique de l’époque, «promettre au public secours et guérison par son moyen serait le duper et lui faire acheter ce qu’il peut trouver à la première fontaine». La création des Bains de Chailly fut néanmoins autorisée par la municipalité au début de l’été 1833.
En dépit de l’investissement (une chaudière et six baignoires portatives en zinc) et l’absence de concurrence, puisque le plus proche café était à la Sallaz, l’établissement périclita et ferma ses portes dès 1846, sans doute à cause de son isolement, du mauvais chemin d’accès et d’une gestion calamiteuse. n

Le texte de cette rubrique est tiré du livre «111 lieux à Lausanne à ne pas manquer»,  de Martine Dutruit (photos), Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali (textes), éditions emons: www.111lieux.com
Disponible en librairie.