«Monsieur Poggia, vous êtes musulman!» Lancée comme ça, dans les gencives, hors contexte, sans que l'interviewé ait donné son accord pour qu'on aborde ses choix confessionnels, l'apostrophe choque. C'est pourtant ce qui s'est passé à Mise au Point, devant toute la Suisse romande, au soir du dimanche 6 octobre. Dans quelle intention? Pour quelle valeur ajoutée?En Suisse, la question religieuse est complexe. Le canton de Vaud a historiquement intégré ce domaine dans ses réflexions d'Etat. D'autres, comme Genève ou Neuchâtel, ont voté au début du siècle des lois de séparation, qui imposent la laïcité. Chaque canton légifère comme il veut, c'est la vertu puissante de notre fédéralisme.
Mais dans l'expression publique, il y a des règles. On peut bien sûr parler de religion, aucun problème. Mais pas en tentant de piéger un invité sur un choix confessionnel qui relève de son intimité, de sa totale liberté, et dont il n'a pas à se justifier. Sauf si bien sûr il passe ses journées à en faire état lui-même, ou à pratiquer le prosélytisme. Ça n'est absolument pas le cas de M. Poggia.
La question de Mise au Point était donc déplacée. Reste à savoir si c'était par inexpérience, ou par volonté de lui nuire. Histoire de démasquer le traître, l'infidèle, le Maure. Il Mauro.