Coup de gueule: la faute à Blocher

  •  Christoph Blocher

    Christoph Blocher

Élu en 1979, Christoph Blocher aura passé 35 ans de sa vie au Parlement fédéral. Pour être exact, 31, puisqu’il fut quatre ans conseiller fédéral, mais il avait bien été élu juste avant (octobre 2003) au National. Je l’ai beaucoup fréquenté à Berne, comme journaliste, et il est vrai que l’institution parlementaire n’était pas celle où il brillait le plus.

Devoir n’être qu’un parmi 200, ou 246, n’est jamais très excitant, quand on a le sentiment d’être unique. Alors, en partant, il en a profité pour décocher quelques flèches au curare contre la somnolence parlementaire, et immédiatement 99% des éditorialistes, comme d’habitude, lui sont sauvagement tombés dessus.

Sur le brillant tribun qui s’ennuyait sous la Coupole, des tonnes de crachats. Mais sur le fond de l’affaire, la lenteur du Parlement suisse et son décalage croissant face au peuple, rien. Pas un mot. Et quand je dis le peuple, je ne dis pas l’opinion (doxa), mais bien le peuple souverain (démos), celui qui vote, organe de notre démocratie tout comme le Parlement. Car enfin, de plus en plus d’initiatives, que le National et les Etats rejettent d’une chiquenaude, sont acceptées en votations populaires. Elles étaient là pour corriger l’inaction, l’impéritie, le conservatisme de pensée, la carence de vision des élus intermédiaires. Et lorsque le peuple les accepte, on dit que c’est la faute à Blocher. Le monde à l’envers.