Le CHUV affole ses riverains

NUISANCES SONORES • Face au projet d'extension du CHUV et, surtout, à la construction prévue d'un troisième héliport à l'angle Montagibert-Bugnon, les riverains du Centre hospitalier universitaire font savoir leur mécontentement. La direction du CHUV se dit à l'écoute et incite à «ne pas tirer des plans sur la comète.»

  • Des hélicoptèrs qui suscitent la colère de certains riverains.

    Des hélicoptèrs qui suscitent la colère de certains riverains.

Ils n'en peuvent plus et tiennent à le dire haut et fort. Ils? Les habitants de plusieurs immeubles des avenues du Bugnon, de Beaumont, de Jolimont ou encore de Montagibert, tous riverains du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). À l'origine de leur ras-le-bol, les nuisances dues au trafic des deux héliports du CHUV situés à quelques dizaines de mètres seulement de leurs habitations, des nuisances qui ne seraient «ni mesurées, ni maîtrisées, ni traitées pour en limiter l'impact.» Surtout qu'un troisième héliport pourrait être construit à terme à l'angle des rues Montagibert-Bugnon.

Trois recours

L'affaire n'est pas nouvelle. En juillet 2011 déjà, suite à la publication du plan d'affectation cantonal (PAC) du CHUV, qui prévoit un agrandissement notable des ses infrastructures et la création de ce troisième héliport, une tentative de conciliation échouait. D'où le dépôt par les opposants de trois recours distincts auprès de la Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal vaudois.«Habiteriez-vous sur une place d'aviation? Non? Pourtant c'est ainsi que nous devons vivre en plein Lausanne où des milliers de personnes subissent tout au long de l'année, jour et nuit, les vols d'hélicoptères des compagnies qui desservent le Centre hospitalier universitaire», tonne Michèle Thonney Viani coprésidente de Silence! CHUV, l'association qui défend les intérêts des plaignants. «Aujourd'hui, plus de 2000 mouvements d'hélicoptères par année viennent troubler notre quiétude, ajoute-t-elle. Il y en aura vraisemblablement le double dans 15 ans!»

Un rapport accablant

Ceci d'autant plus que Silence! CHUV a mandaté un expert acousticien, dont le rapport semble accablant pour l'hôpital. «Il précise que les mouvements d'hélicoptères sont à l'origine d'un risque accru de développer une maladie cardio-vasculaire de 40% par rapport à celui de la population générale», note encore la coprésidente de l'association.» Tout en soulignant la légitimité des projets visant à l'extension du CHUV, elle demande ainsi que la possibilité de placer le nouvel héliport en un lieu de la cité hospitalière éloigné des habitations soit étudiée et que des démarches soient entreprises pour définir des voies d'approche évitant le survol des immeubles.

Discussions ouvertes

«Nous ne faisons pas atterrir des hélicoptères pour le plaisir de faire du bruit, mais pour sauver des vies», résume pour sa part Pierre-François Leyvraz. Le directeur général du CHUV tient ainsi à préciser que des mesures pour stabiliser le nombre de rotations des hélicoptères ont déjà été prises, notamment en installant les urgentistes à la base de la Rega, ce qui permet de favoriser les transports en ambulance, alors que les plans de vol visent à déterminer les trajectoires les moins nocives pour la population environnante. Et d'ajouter: «Nous sommes sensibles à cette problématique, mais pour l'heure, inutile de tirer des plans sur la comète. En temps voulu, chaque projet inhérent au PAC sera astreint à procédure normale avec mise à l'enquête et possibilité de faire opposition. Le PAC n'est pas la carte blanche à n'importe quoi et s'y opposer ne pourra que provoquer des effets contraires.»