«Mon rêve? Etre le premier homme à participer aux Jeux Olympiques»

DEFI • Longtemps inscrit au Lausanne Natation, le Vaudois Jean-Philippe Jel pratique la natation synchronisée depuis six ans. Son objectif? Concourir aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028.

  • Jean-Philippe Jel a fait de son explosivité son point fort dans les bassins. MURIEL ANTILLE

    Jean-Philippe Jel a fait de son explosivité son point fort dans les bassins. MURIEL ANTILLE

Avec sa carrure de bûcheron canadien et son pince-nez rose, Jean-Philippe Jel passe pour un drôle de phénomène quand il arpente les bassins vaudois. Au fil des années, il s’est habitué aux regards en coin et autres messes basses. Il confie même en avoir tiré une certaine force: «Je sais que je détonne dans cet univers presque exclusivement féminin. Quand je me suis pointé la première fois dans une piscine pour m’entraîner, les gens pensaient que j’étais un pervers ou un pédophile, cela me faisait sourire car je souhaitais juste découvrir cette discipline et voir les sensations qu’elle pouvait me procurer.»

Le déclic, lui, remonte à 2016 alors qu’il est tranquillement installé sur son canapé: «Je suis tombé sur une retransmission des JO d’été de Rio en 2016. J’ai découvert un spectacle fabuleux de natation synchronisée, j’ai tout de suite eu envie d’essayer.»

Seul contre tous

Après des années passées à exceller comme touche-à-tout, l’enseignement, l’armée où il a été officier, la course à pied, la natation classique et enfin des études de médecine, il décide ce jour-là de se jeter à l’eau. Très vite, il apprend les rudiments de la discipline et se fait aider par une coach qu’il a d’abord fallu convaincre: «Elle était réticente au début, mais elle a très vite remarqué que j’étais quelqu’un de sérieux et de particulièrement motivé. Petit à petit, j’ai su gagner sa confiance.»

Les années passent et Jean-Philippe Jel apprend à faire de sa différence un atout: «Je suis le seul homme en Suisse à pratiquer ce sport en compétition, cela m’oblige à me dépasser pour prouver que la natation synchronisée doit s’ouvrir à la gent masculine.» Oui, mais voilà, les premiers obstacles ne tardent pas à arriver: «La pandémie a été un vrai coup dur, presque deux ans loin des bassins, c’est déprimant. Et puis, je me suis rendu compte que le règlement du CIO exclut les hommes des compétitions de natation synchronisée aux Jeux Olympiques, j’ai envie de changer cela car je trouve que c’est vraiment injuste. Et injustifié!»

Un rêve toujours présent

Pour parvenir à lever ce frein réglementaire, Jean-Philippe Jel sait qu’il a du pain sur la planche. Il compte d’abord faire évoluer les mentalités au sein de Swiss Aquatics, la fédération nationale qui chapeaute les sports aquatiques. Une fois ce premier obstacle levé, il n’hésitera pas à se tourner vers le CIO: «Cela va me prendre du temps, mais je m’accroche à cette idée de vivre le rêve olympique en m’entraînant plus de vingt heures par semaine. Les Lausannois me verront peut-être participer aux jeux d’été qui auront lieu à Los Angeles en 2028. Même si je ne serai plus tout jeune puisque j’ai déjà 45 ans. En attendant, je vais continuer à m’éclater dans les bassins…»