Et si l’aéroport de la Blécherette était à la veille de se trouver une nouvelle vocation? Le 28 mars dernier, s’envolait en effet un petit avion de la compagnie NV Logistics à destination de Bournemouth, dans le sud de l’Angleterre.
A son bord, non pas des passagers mais de la marchandise, plus précisément des pièces détachées pour le compte de la compagnie Bobst. Ce vol avait valeur de test et augure de l’ouverture d’une ligne de fret aérien depuis l’aéroport de la Blécherette. Car c’est bien connu, le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres.
Alternative intéressante
La sortie annoncée de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne est vraisemblablement le prélude à des catastrophes pour bien des entreprises. Mais d’autres pourraient bien y trouver leur compte avec des «niches» à exploiter.
«Avec ce vol test, nous souhaitions nous préparer à l’éventualité d’un Brexit dur. Car il est clair que dans ce cas, et en raison des risques de blocages sur les routes et dans le tunnel sous la manche, le fret aérien représente une alternative intéressante», explique Thierry Moreno, le patron de l’entreprise NV Logistics, qui ajoute: «Je suis toujours convaincu qu’il faut créer le besoin avant qu’il ne se manifeste, comme cela a par exemple été le cas pour l’iPhone. On vivait sans, et aujourd’hui on ne peut plus vivre qu’avec. C’est un bon exemple.» Le test en tout cas s’est avéré concluant: de porte à porte, la marchandise a mis exactement 8 heures pour être livrée à son destinataire anglais, contre actuellement une quinzaine d’heures par voie routière. C’est dire qu’en cas de congestion entre l’Angleterre et le Continent, le fret via la Blécherette se révélera attractif.
L’aéroport de Bournemouth a été choisi par la société en raison de ses capacités d’accueil et des facilités qu’il offre en matière de formalités douanières. Des critères qui ont également conduit NV Logistics à choisir la Blécherette, au détriment de l’aéroport de Genève, où l’entreprise est pourtant basée.
«La Blécherette nous offre de nombreux avantages par rapport à Genève, qui est plus grand, plus coûteux et avec plus d’intermédiaires, observe Thierry Moreno. En outre, à Lausanne on a plus de flexibilité pour la réservation des vols, et un délai de remise des marchandises réduit à une demi-heure au lieu de deux». La démarche en tout cas, réjouit la direction de la Blécherette: «C’est toujours un plus pour nous, admet Bertrand Mayor, le patron de l’aéroport. On vend du carburant, on encaisse les taxes d’aéroport et surtout cela montre que nous ne sommes pas qu’une plateforme dédiée aux loisirs».
Dédouanement permanent
A court terme en tout cas, NV Logistics entend affréter régulièrement des vols charters, en fonction des besoins de la clientèle. «En tout cas nous travaillons d’ores et déjà avec l’aéroport pour mettre en place des modalités permanentes de dédouanement. Ensuite si la demande est au rendez-vous, nous envisagerons des vols de ligne. Mais nous avons déjà au moins deux sociétés qui se disent intéressées».
Prochain vol: le 31 octobre, prochaine date présumée du Brexit.