Lettre ouverte à 24 heures et au Matin Dimanche

POLÉMIQUE • A un jour d’intervalle, dans leurs éditions du week-end dernier, 24 Heures et le Matin Dimanche, respectivement sous la plume de son rédacteur en chef Claude Ansermoz et de son chroniqueur Peter Rothenbühler, s’en prennent à la Municipalité de Lausanne «coupable» d’avoir conclu un contrat de prestation avec Lausanne Cités pour la production et la diffusion du nouveau Journal communal lausannois. Directeur de Lausanne Cités (LC), Pascal Fleury leur répond par le biais d’une lettre ouverte.

Cher 24 heures,

Cher Matin Dimanche,

Je sais fort bien qu’il est difficile d’être et d’avoir été, mais force est de constater que le mépris aide rarement à la réflexion. Au-delà de la perceptible frustration qui transpire à travers les lignes pondues par vos journalistes, on ne peut pas dire que celles-ci brillent par leur rigueur journalistique.

On apprend ainsi que la REMP serait un institut non certifié pour l’audience de la presse suisse, la bonne blague. Faut-il rappeler que les journaux de Tamedia, à l’instar de l’ensemble de la profession d’ailleurs, sont les premiers à se prévaloir des chiffres de la REMP pour commercialiser leurs espaces publicitaires. Dans ce contexte, il est utile de donner les chiffres exacts du lectorat de LC, calculés de manière identique à ceux de 24 Heures, et qui à ce jour sont de 91’000 lecteurs.

Au-delà de ces approximations, il me semble nécessaire de rappeler également quelques faits: jusqu’à présent, la manne publicitaire distribuée par la Municipalité de Lausanne à la presse était au quasi seul bénéfice de 24 Heures et de l’ordre de 200’000 francs (!!!) l’année passée, fait qui n’a étonnamment jamais été remis en cause par aucun parti politique de la place. A contrario, LC a reçu de la Ville durant la même période un montant de… 11’130 francs et les décennies précédentes n’étaient guère plus généreuses. Dans la compétition à la captation des deniers publics, LC a donc quelques belles longueurs de retard.

En outre, contrairement à ce qui a été écrit dans vos colonnes, ce partenariat n’est pas une aide à la presse, mais bel et bien un contrat de prestation qui n’est pas exempt de frais. Je laisse le soin aux financiers zurichois qui dirigent vos journaux de calculer le coût du rajout de ces 4 pages bimensuelles sur un budget annuel.

Quant au coût écologique de la distribution de LC, que pèsent nos 180’000 exemplaires hebdomadaires au regard des 6 fois 27’000 exemplaires quotidiens de 24 Heures Lausanne, sans compter ceux du Matin Dimanche qui inondent l’ensemble de la Suisse romande avec leurs 70 pages en moyenne. La différence sur le plan écologique saute aux yeux! LC répond depuis plusieurs années à la norme éco responsable FSC. Dans les chiffres, le papier utilisé est recyclé 7 fois et l’encre uniquement végétale. Mais tout cela, vous le savez parfaitement bien puisque nous partageons le même imprimeur!

Enfin pour en venir sur le fond, il y a quelque chose de surréaliste et relevant d’une mauvaise foi crasse, de voir des rédacteurs employés par un groupe bénéficiaire de plusieurs dizaines de millions par année, et qui n’hésite ni à licencier, ni a à fermer des journaux, remettre en cause un modeste partenariat estimé à 170’000 francs annuels au bénéfice d’un petit hebdomadaire local et indépendant.

Je conseille donc aux porte-voix de Tamedia de ne pas se tromper de combat et de s’engager plutôt à défendre l’intérêt de la presse et d’une corporation que leur propre employeur s’emploie à laminer année après année, au risque de voir 24 Heures et le Matin Dimanche devenir, peut-être à terme, de simples sites internet, comme ça été le cas récemment avec le Matin.

Au-delà de ces petites mesquineries entre confrères, je vous souhaite néanmoins tout de bon pour la suite ainsi qu’à l’ensemble de la presse qui en a bien besoin en ces temps très incertains.

Bien à vous et avec mes confraternelles salutations.