Situé au cœur de l’Asie centrale, à la croisée de multiples courants religieux, l’Ouzbékistan fait figure de mille-feuille culturel. Ne garde-t-il pas l’empreinte des grands empires: de celui d’Alexandre le Grand à celui des tsars en passant par ceux de Gengis Khan et Tamerlan. Carrefour des modes de vie, entre les tribus nomades et quelques-unes des plus anciennes cités sédentaires du monde. L’ex-république d’URSS possède un patrimoine exceptionnel, source de revenus touristiques bienvenus dans un contexte d’immenses difficultés économiques, en partie héritées du système soviétique auquel a succédé un régime dictatorial drastique.
Séculaires oasis
Pas étonnant que l’Unesco ait classé au patrimoine mondial la cité intérieure de Khiva, édifiée aux confins du désert du Karakoum. Cette ultime étape des caravaniers avant la traversée du désert en direction de l’Iran constitue un précieux exemple d’architecture musulmane d’Asie centrale, avec ses imposantes murailles de brique. C’est aussi le fief de nombreux artisans, pour la plupart céramistes et sculpteurs sur bois. «La particularité de ces derniers est la garniture des portes, colonnes, meubles», précise Mansur, professeur en histoire de l’art. «Ils travaillent les essences locales, surtout l’orme, enduit d’huile de coton et de lin.» Mais le voyageur avide de belles images n’en est qu’au prélude de ses émerveillements: une autre oasis l’attend au centre-sud du pays.
Voici Boukhara, dont les 140 monuments sont également protégés par l’Unesco. Une telle concentration de citadelle, nécropole, mosquées, minarets, madrasas et autres mausolées donne le vertige. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, car le plus étonnant reste à venir…
Mythique Samarcande
«Tout ce dont j’ai entendu parler à propos de Samarcande est vrai…sauf qu’elle est beaucoup plus belle que je ne l’avais imaginée», proclame Alexandre le Grand, lors de sa conquête, en 329 avant J.-C. Au Xe siècle, ce joyau de l’islam – comme on l’appelle – compte 400’000 habitants. Il sera anéanti par Gengis Khan (en 1220), puis reconstitué un peu plus au sud un siècle et demi plus tard, par Tamerlan. Sa frénésie de constructions belles et uniques donne naissance – notamment – à la place du Reghistan, considérée par certains comme le plus noble espace public du monde.
A 500 mètres de là fourmille le bazar, entre sacs d’épices et montagnes de pastèques. Ouzbeks, Tadijks et autres Coréens investissent les chaikhanas, ces maisons de thé où les brochettes de bœuf grésillent sur de la musique techno russe ou d’Eminem.