Jamaïque, one love!

S’il est une île des Caraïbes porteuse de symboles, c’est celle-ci, écrin tropical et montagneux posé au sud de Cuba. Bob Marley et le reggae, le rastafarisme, Usain Bolt et les athlètes du sprint… La Jamaïque, fière et métissée, n’est pas une destination comme les autres.

«One love». Cette signature apposée au bas de mails jamaïcains reçus avant le voyage nous avait interpellés. «One love», titre de la célèbre chanson de Bob Marley. «Let’s get together and feel allright», «soyons ensemble et nous nous sentirons bien». Etre ensemble et faire corps quand on est issu de nations africaines et d’ailleurs si différentes, c’est le mantra de la Jamaïque, «Out of many, one people», «De plusieurs, un [seul] peuple»! Voilà le credo de l’île, l’identité métissée étant doublée d’une bienveillance envers l’étranger très agréable.
Rivières à cascades
Quand on évoque la Jamaïque, on pense tropiques. Les plaisirs caribéens sont bien au rendez-vous: plages de sable bordées de cocotiers; rivières à cascades et à vasques rafraîchissantes (YS Falls, Blue Hole…); montagnes luxuriantes noyées de brumes… Pour les séjours balnéaires, Montego Bay et Ochos Rios, sur la côte nord, comme Negril, à l’ouest, captent l’essentiel des visiteurs. Les hôtels de chaînes internationales y abondent, sans atteindre toutefois les excès de Punta Cana, en «Rep Dom».
Rastafari Indigenous Village
On sortira quand même de ces resorts pour visiter Hampden Estate, célèbre distillerie de rhum… où trônent des chaussures d’Usain Bolt. Originaire de cette partie de l’île, la star du sprint est une légende dans cette discipline où les Jamaïcains brillent depuis des décennies. On ne manquera pas non plus le détour par le Rastafari Indigenous Village. Près de Montego Bay, dans un bout de vallée perdue à l’écart d’une «Babylone» dévoyée, une poignée de rastafaris y vit d’autosuffisance, entre musique kumina (à base de percussions), nourriture végétarienne et spliffs – cigarettes de ganja. Au-delà de ces purs dévots, la culture rasta baigne la société jamaïcaine, dreadlocks et bonnets de laine portés en étendards.
En scooter, à la rencontre 
des fermiers
La côte sud-ouest est plus authentique. Vers Treasure Beach et Black River, le paysage, plus sec, laisse place à une agriculture paysanne qui révèle, sur une terre rouge et grasse, les trésors fruitiers et maraîchers de l’île. Cocos (tubercules), pears (avocats), sauer soaps, naseberries, jum plum… L’inventaire à la Prévert n’a guère de limites! Avec un prestataire local, on profite de balades en scooters pour aller à la rencontre de ces petits paysans, si fiers de montrer leur travail.
Sanctuaire marin de Malcolm Bay
Orgueilleuses sont aussi les cuisinières de Middle Quarters. En bord de route, elles font mijoter dans de grands faitouts de la soupe aux crevettes et vendent les célèbres pepper schrimps, de très épicées crevettes fraîches au poivre, pêchées dans la rivière locale. Fierté, également, 
de la communauté villageoise de Crawford. Depuis plus de 10 ans, elle protège le sanctuaire marin de Malcolm Bay, 5 km de côte fragile à mangrove que l’on découvre en barque. Les efforts payent: poissons, lamantins, tortues marines et rapaces sont revenus en nombre. Reste à embarquer à nouveau pour aller boire un rhum au Pelican Bar, un bric-à-brac de planches sur pilotis posé près du rivage, tenu par le charismatique rasta Floyd. Yah man!
Kinston, maison-musée de Bob Marley
A l’est, la capitale Kingston n’est plus le coupe-gorge que l’on décrivait dans les années 80. Downtown se relooke autour du street-art et d’adresses branchées. On y vient aussi pour le pèlerinage obligé à la maison-musée de Bob Marley, sur les hauteurs de la ville. Toute sa vie (photos, lettres, disques d’or…) est concentrée dans ce lieu, avec les commentaires et avec les chansons de l’artiste entonnées par le guide Ricky, un pur rasta. Yes, one love!

 

Blue Mountains, la jungle amicale

Aller dans les Blue Mountains, c’est découvrir un nouveau pays. Depuis Kingston, une mauvaise route en lacets grimpe dans ce massif montagneux, dont le premier avantage est de vous faire échapper à la touffeur de la capitale. Les versants raides et la végétation dense donnent l’impression de tout avaler, à commencer par cette route qui rétrécit à mesure que l’on grimpe. Les Blue Mountains, souvent noyées dans la brume et sous de violentes averses, abritent deux symboles jamaïcains: l’arbre national, le Blue Mahoe, une variété d’hibiscus; l’oiseau national, le Red-billed Streamertail, un colibri. Cet ensemble classé à l’Unesco pour son héritage naturel et culturel – il abrite des villages «marrons», descendants d’esclaves échappés des plantations – est protégé au sein du Blue and John Crow Mountains National Park. A 1250 m d’altitude, depuis l’entrée du parc nommée Holywell, quatre trails sont accessibles aux marcheurs. On ira aussi dans les Blue Mountains pour visiter l’une des nombreuses plantations de café, un cru local d’arabica mondialement connu pour sa douceur, sa saveur puissante et son absence d’amertume.