Vous n’échapperez pas aux trolls. Ces figures de la mythologie nordique incarnant les forces naturelles ou la magie se caractérisent principalement par leur opposition aux hommes et aux dieux. Ni la christianisation – qui eut lieu vers l’an 1100 –, ni l’industrialisation activée par la manne pétrolière n’en ont eu raison. Ils vous guettent dans les vitrines, sur les cartes postales ou les charpentes.
De fait, le troll ne se voit pas; il se ressent, tout simplement parce qu’il appartient à un univers émotionnel. Il se manifeste lorsqu’il faut faire face aux forces de la nature. Et, sous ces latitudes, la nature est puissante.
Naturel et surnaturel
Répartie de part et d’autre du cercle polaire arctique, la Norvège s’étend sur 325'000 m². Ses habitants – moins nombreux que les Suisses sur une superficie presque huit fois plus vaste – entretiennent de facto un attachement viscéral pour leur environnement, avec lequel ils vivent en véritable symbiose.
La côte sud, dotée d’un climat très doux, de plages de sable et de criques accueillantes, donne des trolls une image plutôt sympathique.
En revanche, en pénétrant à l’intérieur des terres par la vallée du Sétesdal, encaissée entre de sauvages falaises, les légendes ont tôt fait de prendre une tournure plus dramatique. En amont, on débouche à plus de 1000 mètres d’altitude sur le Hardangervidda, un immense plateau désertique couvert de lacs, glaciers, lichens et arbres nains torturés par les vents. On comprend qu’un tel décor soit propice à tous les fantasmes.
Louvoyer aux Lofoten
Cet archipel attire les chasseurs d’aurores boréales, surtout en hiver. Les environs de Svolvær et le village de Reine ont beaucoup à offrir aux randonneurs et amateurs de paysages spectaculaires. Tromsø témoigne d’une belle qualité de vie.
Comment ce petit royaume du Grand Nord, qui a acquis son indépendance en 1905, a-t-il pu s’ériger en modèle de félicité?
Il y a un demi-siècle à peine, il figurait pourtant parmi les nations les plus pauvres d’Europe. C’était avant que l’0r noir jaillisse de ses eaux territoriales, en 1969. Par le truchement des exportations d’hydrocarbures, cette terre de pêcheurs, de fermiers et de bûcherons a vu son taux de croissance grimper de quatre à six points par an. Elle eut la sagesse d’adopter une législation ad hoc, visant la prospérité sur le long terme.