Tags et affiches bolchéviques sont tolérés à Lausanne

DÉPRÉDATIONS • Alors que la Ville de Genève a fait disparaître des croix gammées dans son espace public et porté plainte, les autorités lausannoises restent passives face à des symboles d’une autre idéologie criminelle dans ses rues.

  • L’un des tags est bien visible aux abords de la Place de la Riponne.

Début septembre, nos confrères de GHI se sont penchés sur des tags du symbole nazi apparus sur des supports publics en Ville de Genève. Les autorités communales se sont employées à les faire enlever et ont aussi porté plainte. Pour rappel, en Suisse la loi n’interdit pas formellement l’utilisation de symboles nazis, comme c’est le cas en Autriche ou en Allemagne par exemple.
La disposition antiraciste peut être évoquée si l’emploi de ces références est considéré comme un appel à la haine raciale. Durant cet été à Lausanne, des affiches sauvages pro communistes sont apparues ainsi que des tags du marteau et de la faucille. Deux mois plus tard, ces références idéologiques criminelles dans l’histoire n’ont toujours pas été enlevées.

Inaction et silence assourdissant 
à Lausanne

Nous avons sollicité le patron de la sécurité publique lausannoise, le PLR Pierre-Antoine Hildbrand. Nous souhaitions notamment savoir si une plainte des autorités avait été déposée et si ce n’était pas le cas, pourquoi? Il a finalement refusé de se prononcer sur ce débat. Pourtant, en tant qu’élu à l’exécutif d’une ville touristique et cosmopolite abritant des immigrés et enfants de réfugiés vietnamiens, cubains, cambodgiens, polonais, roumains ou ukrainiens confrontés dans la rue à des visuels vantant le bolchévisme dont ils ont été victimes, son opinion paraissait légitime.

Historien vaudois encarté au PLR, Olivier Meuwly constate que la tolérance à l’égard du communisme est «incomparablement plus grande que celle à l’égard d’autres extrémismes. Un certain prestige continue à enrober l’idée communiste dont ses partisans ont réussi, avec l’aide de nombreuses plumes célèbres, à faire croire qu’elle était un humanisme.» Olivier Meuwly souligne encore que «le communisme est associé à l’URSS et donc à la Russie, qui exerce une profonde fascination sur beaucoup de gens, comme on le voit chez les partisans européens, d’extrême droite ou d’extrême gauche d’ailleurs, de Vladimir Poutine.»

«Idéologie liberticide et meurtrière»

Chef du groupe UDC au Conseil communal, Valentin Christe ne veut pas se hasarder à hiérarchiser la gravité des symboles reproduits dans les rues de Lausanne et de Genève. «Je constate tout de même que les différents régimes qui se sont réclamés de l'idéologie communiste ont, au cours de l'histoire, causé un nombre terrifiant de victimes et des souffrances inimaginables. La miséricorde voire la complaisance témoignées par certains à l'égard du communisme sont choquantes, en particulier dans le milieu universitaire. Il serait souhaitable que d’aucuns ouvrent un livre d'histoire à l'occasion.»

Le juriste trentenaire s’étonne aussi: «Que dire de l'attitude de cette conseillère communale d'Ensemble à gauche, qui, lors d'une séance du Conseil communal, a arboré un marteau et une faucille maquillés sur ses joues alors qu'au même moment, un de ses propres collègues de parti tenait une vibrante diatribe condamnant l'agression russe à l'encontre de l'Ukraine? De mon point de vue, cela doit être pris pour ce qu'il est, à savoir le symbole d'une idéologie profondément liberticide et meurtrière.» Pour Valentin Christe, la Municipalité devrait faire enlever séance tenante ces graffitis en ville «eu égard aux valeurs qu'elle prétend défendre». Diverses tentatives pour interdire les symboles racistes et extrémistes en Suisse ont échoué ces dernières années. Parmi les difficultés rencontrées, la formulation d’un texte de loi à ce sujet et les désaccords sur une liste de symboles et d’emblèmes historiques à proscrire.