«En cas de délit, il faut renvoyer dans leur commune les toxicomanes non-lausannois»

ORDRE PUBLIC •  En dépit d’une présence policière renforcée, et dans l’attente de l’ouverture d’un local d’injection, les toxicomanes de la place de la Riponne continuent de perturber la quiétude des passants, tout en nuisant au commerce local. Les explications de Pierre-Antoine Hildbrand, municipal en charge de la police.

  • Photo Verissimo

Lausanne Cités: Vous avez déclaré au Conseil communal qu’à propos des toxicomanes, il est difficile «d’atteindre des personnes insolvables et peu sensibles aux différentes sanctions». Pourquoi?
Pierre-Antoine Hidlbrand: J’aimerais tout d’abord rappeler que les situations qui ont été relatées ne sont pas tolérables et que les règles doivent s’appliquer à tout le monde. J’aimerais aussi dire que la situation en lien avec la consommation de produits stupéfiants ne pourra s’améliorer que par un ensemble de mesures complémentaires et coordonnées. En ce qui concerne la police, 50 policières et policiers patrouillent à pied, en uniforme, au centre-ville.

Et que fait donc la police?
Les infractions au Code pénal et les violations du Règlement général lausannois de police doivent être sanctionnées. Les déprédations et les violations de l’ordre public, par exemple par des déjections sont injustifiables. La police agit et dénonce à la justice les situations qu’elle constate. Mais certaines personnes, par leur dénuement même, sont peu susceptibles de payer immédiatement leurs amendes. Les différents intervenants sécuritaires, sanitaires et sociaux doivent dans ces cas-là être davantage coordonnés afin de faire respecter des règles minimales de base dans l’espace public.
 
Est-ce à dire que les toxicomanes jouissent d’une impunité de fait?
Non, mais il faut que la volonté de sanction soit partagée par tous les intervenants dans les espaces publics. Même les personnes ayant peu à perdre doivent sentir qu’il y a des conséquences à leurs comportements ou salissures dans l’espace public.

Comment faire pour y parvenir?
Les sanctions peuvent aussi prendre, par exemple, la forme d’une limitation d’accès à une prestation publique. Nous avons des règles dans l’espace public qui sont les mêmes pour tout le monde. La collaboration entre la police et les intervenants sociaux est très importante puisque tous représentent la ville et énoncent ce qui y est admis ou non. Mais il faut surtout que les personnes n’ayant pas de liens avec Lausanne soient renvoyées dans leurs communes de domicile lorsqu’elles commettent des délits.
 
Pouvez-vous expliquer ce qui limite l’action de la police pour améliorer durablement la situation à la Riponne?
Aujourd’hui les prisons sont pleines et les expulsions de criminels étrangers sont laborieuses. Je me réjouis des annonces du conseiller d’Etat Venizelos d’extensions des projets pénitentiaires. Il se passe trop de temps entre la constatation d’un délit et le moment où la sanction pénale est appliquée. Plus la peine suit de près le délit commis, plus elle est utile. L’effectivité de la peine est bien plus importante que sa rigueur.