Ça s’est passé devant le Conseil communal d’Yverdon, peu avant la pause pascale. Les deux tiers des conseillers communaux ont autorisé la Municipalité à aller de l’avant dans l’élaboration d’un règlement visant à un subventionnement ciblé des transports publics pour les jeunes de moins de 25 ans, les seniors ainsi que pour les personnes en situation précaire. Emanant du groupe socialiste, cette motion a été soutenue par une bonne partie de la droite.
Ces derniers temps, les initiatives visant à instaurer la gratuité pour les transports publics ont fleuri un peu partout dans notre pays: dans les villes de Zurich et Berne, comme dans les cantons de Neuchâtel, Fribourg, Genève et… le canton de Vaud, où une initiative munie de 17’000 signatures a été déposée à la chancellerie à la mi-janvier de l’année dernière. Ces démarches ont été différemment appréciées.
Fribourg et Berne sceptiques
A Fribourg, le gouvernement a ainsi demandé au Grand Conseil d’en constater la nullité, à l’instar des Villes de Berne et de Zurich, arrivant à la conclusion que «la gratuité des transports publics pour tous n’est pas adéquate en termes de financement de ces prestations publiques et, surtout, non conforme à la Constitution fédérale».
Le Conseil d’Etat vaudois a pour sa part déclaré le texte valide, estimant que c’est aux citoyens de se prononcer. Cette différence de traitement pour des initiatives jumelles s’explique par l’interprétation à géométrie variable de leur constitutionnalité.
Une offre partielle
Certes, à Yverdon, la mesure envisagée ne concerne pas toute la population, mais elle va faire de la ville la première cité suisse proposant un plan de gratuité aussi ambitieux. Une première qu’il faut saluer. Car au-delà des pseudo-problèmes de «constitutionnalité» soulevés par certains, et balayés par d’autres, la gratuité des transports est globalement une puissante mesure pour répondre à l’urgence sociale et climatique.
Le coût de cette opération yverdonnoise limitée a été estimée à 1,2 million. Sur un franc de subvention, seuls 43 centimes seraient directement à la charge de la Ville, le système reposant sur la prestation consommée afin d’en maîtriser le coût. Comme quoi quand on veut, on peut. Et on se demande au passage ce qu’attend Lausanne, ville outrageusement rose-verte, faut-il le rappeler, et grande donneuse de leçon en la matière, pour emboîter le pas à la deuxième ville du canton qui, sur ce coup, a fait preuve d’audace en se montrant ingénieusement fidèle à ses engagements écologiques et sociaux.