Voter à 16 ans? Un jour viendra…

DROIT DE VOTE • Le projet qui vise à faire voter les jeunes dès 16 ans au niveau national bat de l’aile. La faute à une majorité de cantons pas convaincue par cette proposition.

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Elle avait été remise sur le tapis en 2020, à la suite du dépôt d’une initiative parlementaire, séduisant une majorité d’élus fédéraux. Mais patatras! Trois ans plus tard, elle ne convainc plus le Parlement. Une situation plutôt rageante pour celles et ceux, les partis de gauche et de nombreuses associations, qui s’étaient fortement engagés sur le sujet. Et pour cause! Avec l’acception de cette initiative, les lignes avaient fortement bougé à Berne, puisqu’elle avait même reçu dans la foulée l’aval des commissions préparatoires des deux Chambres, rendant la voie libre à l’élaboration d’un amendement constitutionnel.

Ce qui a fait pencher la balance, c’est en fait l’échec de ce projet au niveau des cantons. Quinze d’entre eux s’y sont opposés, sept seulement l’ont accepté. A l’exception de Glaris qui a dit «oui» au vote à partir de 16 ans en 2007 déjà, toutes les autres tentatives cantonales soumises à scrutin ont été vouées à l’échec. Les rejets les plus marquants ont eu lieu l’année dernière lors de votations cantonales à Berne et Zurich. Côté romand, seul Neuchâtel a jusqu’ici testé sa population. En 2020, le non l’a également emporté à 59%.

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Aujourd’hui à travers le monde, une douzaine de pays, sous conditions pour certains, permettent le droit de vote à 16 ans. Notamment, proches de nous, la Slovénie et l’Autriche. Tous ont fait valoir les mêmes arguments pour défendre cette position: face à une population vieillissante, c’est un instrument simple contre le déséquilibre politique croissant entre les générations, donc une manière d’équilibrer le fonctionnement de la démocratie et d’assurer la relève. A l’opposé, on juge les jeunes de cet âge trop insouciants, immatures et influençables, plus prompts à voter juste comme leurs parents, ou contre pour marquer leur différence, pour pouvoir endosser cette responsabilité.

Le Parlement fédéral doit encore se prononcer en plénum. Au vu de l’attitude des cantons, et du rapport de forces dans l’hémicycle, il est donc quasi sûr que le vote à 16 ans va subir un coup d’arrêt.

Mais il ne sera que provisoire puisque ses partisans envisagent d’ores et déjà de lancer une initiative populaire. Dans ce contexte, il convient ainsi de se souvenir qu’au terme d’un long combat, la Suisse a adopté le scrutin féminin en 1971. Vingt ans plus tard, elle a abaissé le droit de vote de 20 à 18 ans, alors que de nombreuses communes et cantons l’ont depuis octroyé aux étrangers. Preuve s’il en est qu’elle est toujours prête à se reposer la question de savoir qui peut participer à la démocratie. Un jour viendra donc où les jeunes voteront dès l’âge de 16 ans. Tout n’est simplement qu’une question de temps!