Les commerçants lausannois s'insurgent et ils ont raison!

POLEMIQUE • Après une accalmie liée à un accord inédit sur la vitesse en ville, les commerçants repartent au combat en déposant deux pétitions. A juste titre!

  • Au Pré-du-Marché, le quartier s’était mobilisé pour sauver la terrasse du magasin «A côté de la Plaque». MANEL SANTISO

    Au Pré-du-Marché, le quartier s’était mobilisé pour sauver la terrasse du magasin «A côté de la Plaque». MANEL SANTISO

Entre les commerçants d’une ville et les autorités qui la dirigent, c’est rarement l’amour fou. Plus encore depuis que la lutte contre l’urgence climatique est devenue un défi, suscitant souvent la mise en place de mesures qui, aux yeux des premiers, mettent en danger leur existence alors que les autorités se montrent déjà peu ouvertes à répondre positivement à leurs doléances en temps normal. Lausanne n’échappe pas à ce phénomène. Avec parfois des surprises qui laisse présager des jours meilleurs. Comme le 23 mai dernier quand la Ville et les milieux économiques ont signé un accord inédit pour ne pas étendre partout le 30 km/h afin de faciliter l’accès aux commerces.

Deux pétitions

Prémices d’une entente plus cordiale? Pas vraiment! Coup sur coup, deux événements viennent nous le rappeler. Le 13 juin, une trentaine de commerces alimentaires et take-away déposent une pétition pour pouvoir installer chaises et tables devant leurs vitrines durant la période estivale. Ces établissements en ont déjà le droit, en respectant une capacité maximum de neuf places, mais uniquement à l’intérieur. La Ville refuse, se référant à la loi sur les auberges et débits de boisson.

Le 19 juin, une autre pétition, signée par 400 enseignes, est également déposée. Dans le collimateur, les nouvelles directives sur les terrasses. Les pétitionnaires estiment qu'elles vont à l’encontre de leur vocation première et les contraignent à d’importantes dépenses. Ils dénoncent les pratiques jugées tatillonnes du Service de l’économie qu'ils qualifient de mobbing et demandent la création d'un poste de délégué aux commerces afin d'apaiser les relations. Un postulat est également déposé en ce sens au Conseil communal, alors qu’un député demande que la loi soit modifiée pour permettre aux petits établissements sans licence de restaurateur de pouvoir disposer d’une petite terrasse.

L’esprit de la loi

On dit souvent que les commerçants sont plutôt du genre grincheux. Reste que la somme de ces histoires montre leur mal-être. Appelés à faire face à la concurrence de la périphérie, au développement de la vente en ligne et aux évolutions de nos mode de consommation, ils se battent pour leur survie. Alors oui, la loi, c’est la loi. Mais il y a aussi l’esprit de la loi. Sans devoir relire Montesquieu, nos édiles ne devraient pas oublier qu’on peut la changer. Surtout pour ce qui apparaît comme des revendications légitimes. Ils ne devraient pas oublier non plus que les commerçants constituent l’âme d’une ville. Ils méritent mieux que des mesures qui vont parfois à l’encontre du bon sens.