La laïcité expliquée en quelques mots

En Suisse, il y a encore très peu de cantons laïques. La plupart des cantons prélèvent donc, pour les églises reconnues (et les autres alors ?), un impôt payé par tous, y compris les athées et les croyants d’autres obédiences, ce qui est antidémocratique. Ces églises se chargent en échange de certains services qui devraient incomber à l’Etat en régime laïque. Un Etat laïque est neutre: il ne favorise pas le christianisme même pour des raisons historiques. Il laisse vivre toutes les religions, qui s’organisent à l’interne comme elles le souhaitent, en respectant comme tout le monde l’ordre public. Il considère les croyants comme des êtres responsables, au même titre que les non-croyants. Cette séparation entre l’Eglise et l’Etat laisse tous les citoyens libres de pratiquer le culte de leur choix, d’en changer ou de ne pas en avoir du tout. C’est la liberté de conscience. On entend dire que la laïcité c’est l’athéisme. Pas du tout. On peut être croyant et laïque. En régime laïque, l’athée doit observer une certaine discrétion quand il travaille au service de l’Etat : il ne peut pas mettre un T-shirt «Dieu est mort» ni se vanter personnellement d’être athée, au risque de heurter certains croyants qui doivent pouvoir recourir à un service public sans prendre au passage une leçon d’athéisme. Cette discrétion est valable pour les enseignants ou tous les autres employés et employées de l’Etat qui auraient envie de porter, par exemple, une croix visible ou un voile islamique. Les citoyens voulant marquer leur appartenance à une religion peuvent le faire, dans la rue ou comme usagers du service public. En Europe les croyants sont de moins en moins nombreux. La laïcité leur fait une place tout en préservant la société dans son ensemble qui ne souhaite pas voir des minorités religieuses se manifester de manière virulente. Dans un Etat laïque, chacun est bienvenu, croyant ou pas.