A la Riponne, des agents amendent… les habitants!

PROPRETÉ URBAINE • Au milieu des innombrables seringues et autres étrons de toxicomanes, une mère de famille s’est fait amender, accusée d’avoir laissé son sac poubelle hors d’un container.

  • Les environs de la Riponne ressemblent à une déchetterie à ciel ouvert.

«Avec les problèmes liés à la toxicomanie dont nous souffrons au pied de nos habitations depuis le printemps, le deux poids deux mesures des autorités m’a exaspérée!» Elle a beau avoir payé sa contravention il y a plusieurs semaines, Véronique* n’en démord pas.

Habitante de la place de la Riponne, elle a été sanctionnée (amende de 100 francs + 50 francs de frais) en mai, accusée d’avoir laissé son sac blanc taxé près de chez elle, au sol à côté d'une poubelle de rue. Elle n'a pas été prise en flagrant délit mais le contenu de son sac poubelle fouillé comportait des enveloppes avec ses nom et adresse. Elle a contesté, arguant que quelqu'un l'avait déplacé là mais la commission ne l'a pas crue.

Seringues sanguinolentes sur les containers

Cette contribuable éprouve un «sentiment d’injustice». En cause, la situation indigne dont elle et ses voisins sont victimes quotidiennement depuis des mois, sans aide de ces mêmes autorités lausannoises. Photos à l’appui, ils ont été confrontés à des toxicomanes qui se piquaient devant leur porte d'entrée, y dormaient ou s’évanouissaient, y déféquaient et urinaient. Certains déposaient leurs seringues sanguinolentes sur les couvercles des containers censés être à disposition des habitants, au milieu de leurs détritus au sol. Sans parler des dealers de drogues africains qui s'y pressaient aussi, parfois bruyamment. Une sordide cour des Miracles sous ces arches à l'entrée de son immeuble.

Sollicitée, la conseillère municipale Florence Germond dit comprendre que la situation actuelle dans ce quartier préoccupe les habitants ainsi que le sentiment d’insécurité et d’injustice qu’elle peut entraîner. 
«La Municipalité prend cette situation très à cœur, souligne-t-elle. Nous avons mis en place une task force et engagé d'importants moyens avec notamment 42 policières et policiers déployés pour apaiser la situation. Les services sociaux et de la propreté ont également intensifié leur travail et leur présence sur le site.»

Quatre nettoyages quotidiens sont désormais effectués sur la place de la Riponne et huit nettoyages quotidiens des WC publics. L’élue socialiste précise aussi que pour répondre temporairement à la situation actuelle, des équipes interviendront lors de leurs tournées usuelles, jusqu’aux portes des immeubles de la place de la Riponne et environs, bien que ces dernières se trouvent sur le domaine privé. Par ailleurs, une attention particulière sera portée au ramassage rapide des déchets relatifs aux campements sur le domaine public. Mais la Ville entend poursuivre en parallèle son engagement pour «lutter contre les déchets sauvages abandonnés sur l'espace public et maintenir l'espace public propre et accueillant».

Consignes pour moins de zèle

Quant au cas spécifique évoqué, Florence Germond déclare comprendre le ressenti de cette habitante amendée début mai. «Elle a malheureusement renoncé à être entendue par la commission de police, ce que nous regrettons car cela aurait permis de contextualiser la situation. Aujourd’hui, la commission a statué sur ce cas et la procédure est close. Toutefois, en attendant le rétablissement de la situation dans le quartier de la Riponne, il a été demandé aux agents qui distribuent les amendes de tenir compte de cette situation exceptionnelle et de se concentrer sur le volet sensibilisation de leur cahier des charges dans ce secteur.» Autrement dit, moins de zèle répressif sur le porte-monnaie pour les habitants victimes de cette situation intolérable.