La communauté portugaise grugée

ESPIRITO SANTO • Les Portugais de l’agglomération lausannoise sont des dizaines à avoir fait confiance aux conseillers de l’ex-banque portugaise. Aujourd’hui, ils mènent une longue bataille pour récupérer les économies d’une vie. Entre désespoir et colère.

  •  La faillite d'Espirito Santo, ici la succursale suisse de Pully désormais fermée, a laisseé des traces dans la communauté portugaise Lausanne. dr

    La faillite d'Espirito Santo, ici la succursale suisse de Pully désormais fermée, a laisseé des traces dans la communauté portugaise Lausanne. dr

Cidalia Silva pensait avoir fait le bon choix. Cette maman d’une petite fille avait un compte commun avec son mari à la banque portugaise Espirito Santo. Un jour, l’habitante de Lausanne a décidé d’en ouvrir un second en son nom pour des besoins ponctuels. «Je souhaitais refaire mes dents au Portugal, car cela me coûtait moins cher. J’ai donc versé 30’000 francs suisses sur ce nouveau compte. Un conseiller de la banque m’a dit que c’était de l’argent bien placé et que je pouvais leur faire confiance.»

La faillite

Coup de tonnerre à l’été 2014, le géant bancaire fait faillite. Cet effondrement soudain marque la fin d’un empire familial vieux de 150 ans. Lorsqu’elle commence à comprendre qu’elle va tout perdre, Cidalia Silva se rend dans son pays d’origine pour récupérer son épargne. En vain. La surprise laisse la place à la colère. «J’ai compris que l’on m’avait menti. Pour refaire mes dents, j’ai dû souscrire un petit crédit car je n’avais plus rien, ce sont les économies d’une vie de sacrifice et de travail acharné qui sont parties en fumée!»

Si elle confie émue garder encore l’espoir de récupérer son argent, la Lausannoise n’est de loin pas un cas isolé. Il serait des dizaines dans l’agglomération lausannoise, plus d’une centaine dans tout le pays, à avoir subi le même sort après avoir placé leurs économies dans la filiale pulliérane de la banque. Depuis, les actifs sains de cette dernière ont été repris par une nouvelle entité, la Novo Banco.

Un long tunnel

Malgré ce changement, le dossier piétine depuis de nombreux mois. «C’est à la fois un sentiment d’injustice et d’impuissance, précise Bruno Barbosa, le représentant suisse du Mouvement des émigrés lésés. De l’injustice parce que le produit de notre épargne ne nous a pas été rendu et reste impunément sous la garde de la Novo Banco. Un sentiment d’impuissance parce que malgré tous nos efforts et toute notre mobilisation, nous avons de la peine à nous faire entendre et à récupérer ce qui nous appartient.»

Un sentiment partagé par Lina Brito, mère de deux enfants: «Cette situation est horrible! J’ai perdu 234’000 francs dans cette affaire. Chaque fois que je retourne au Portugal, mon cœur saigne. Et, pour couronner le tout, la banque a fait faillite le jour de l’anniversaire de ma fille. Quelle triste coïncidence!» Pour faire entendre leurs voix, certaines des personnes lésées manifesteront dans la ville de Porto ce 22 décembre. Une manière de garder un semblant d’espoir…