Taxe au sac: réussite ou semi-échec?

DECHETS • Il y a tout juste trois ans, la Municipalité introduisait la taxe au sac. Trois ans après, elle estime que les objectifs poursuivis sont atteints, mais des voix s’élèvent pour dénoncer «une autosatisfaction mal placée.»

  • La taxe au sac fête ses trois ans. DR

    La taxe au sac fête ses trois ans. DR

«Désormais, la population a pris conscience du coût pour la collectivité de la gestion des déchets. De même, elle s’est sensibilisée au tri sélectif de manière évidente», déclarent en cœur Olivier Français et Stéphane Beaudinot. Le Municipal en charge des Travaux et son chef de service de la Propreté Urbaine se félicitent ensuite de la diminution de 41% des déchets incinérables, l’augmentation de 12% du volume de papier récolté et surtout l’explosion de la quantité de végétaux jetés dans une poubelle spécialisée.

Un enthousiasme que viennent tout de même modérer plusieurs élus de gauche inquiets par la quantité de déchets qui sont toujours abandonnés dans la rue. Il semblerait que ces déchets urbains sauvages aient augmentés depuis l’apparition des sacs taxés et que le phénomène n’ait pas été maîtrisé depuis. Des faits, il est vrai, difficilement quantifiables et que le service propreté conteste en bloc: «La problématique du littering existait déjà avant l’introduction de la taxe au sac. Il s’agit ici d’un manque criant de conscience sociétale où le manque de responsabilité personnelle sur son environnement est toujours plus répandu.»

Responsabilité partagée

Le bilan très positif de la Municipalité ainsi que la désignation du manque d’éthique du citoyen comme seul responsable des déchets ou sac non conformes abandonnés dans les rues a le don d’agacer la socialiste lausannoise Anna Zürcher: «Ce discours tient de l’autosatisfaction mal placée et d’un manque évident d’autocritique! Sans compter que les mesures que l’on peut proposer pour améliorer la situation sont reçues avec une attitude proche du mépris .»

A l’entendre, les informations données aux citoyens ne sont pas suffisamment claires, surtout pour ceux qui ne se tiennent pas régulièrement informés ou qui maitrisent moins bien le français. D’ailleurs, mise à part l’Unité de surveillance de la propreté qui échoue généralement dans son enquête pour retrouver les fraudeurs, aucun employé ne va directement au contact de la population là où des cas de littering sont constatés.

Le flou des déchetteries

Pire encore, les horaires des déchetteries seraient souvent trop contraignants pour une bonne partie de la population. Un constat qu’a d’ailleurs également fait la PME romande Ouidoo qui propose, depuis peu, de se charger du tri et des déplacements à la déchetterie pour ses clients. Encore faut-il en avoir les moyens…

Dans ces prochaines semaines, la Ville promet d’ouvrir 17 nouvelles déchetteries de quartier. Quant à leurs horaires, ils ne sont pas encore connus. Anna Zürcher espère aussi que les pratiques et conseils prodigués par les employés seront harmonisés. «Mon expérience personnelle a prouvé qu’il y a de quoi être perdu quand on veut bien faire dans ces déchetteries. Une fois sur deux, on me demande de jeter mes pots de yoghurts dans tel ou tel container. A force de se faire gronder, on se décourage un peu», confie-t-elle, goguenarde.

Sur ce dernier sujet, la Municipalité promet de faire des efforts en introduisant de nouveaux pictogrammes. Si tout se passe comme prévu, l’anniversaire des cinq ans pourra donc être célébré dans un triomphalisme un peu plus fédérateur.