Lionel* n'a pas encore seize ans. L'école? Il l'a quittée depuis un moment. Du coup, les semaines sont longues et il faut bien s'occuper. Alors l'adolescent rejoint ses amis en ville de Gland. Leur lieu de rencontre préféré? La gare. «Nous aimons bien cet endroit car il y a, depuis peu, de grands ronds en bois qui sont sensés réguler le trafic et que l'on utilise comme bancs géants pour se poser, précise-t-il. On se marre car les automobilistes ne comprennent pas vraiment par où il faut passer, c'est un peu mal fait.»
Aucun panneau
Installés sur la terrasse du Bulls Pub, à proximité, nous constatons effectivement que les voitures arrivent dans une zone un peu brouillonne. La limitation est uniquement respectée car les conducteurs hésitent sur le chemin à emprunter. Aucun panneau n'indique le sens correct et, du coup, les scènes où les voitures se trompent de direction sont nombreuses. Si ces grands ronds de bois sont devenus si appréciés des jeunes du quartier, ce n'est pas seulement pour cette raison. «Nous demandons à un pote de rester là faire le guet et nous pouvons ensuite aller faire des tags sur les murs du passage sous-terrain de la gare, c'est vraiment cool. Et puis, la commune ne cesse de repeindre ces murs et nous de les souiller, c'est un peu le jeu du chat et de la souris. Ça nous fait bien marrer en tout cas et ça occupe nos journées! A Gland, il n'y a rien d'autre à faire.»
Automate à abattre
Les murs sous-terrains de la voie ferroviaire ne sont pas les seules victimes des déprédations régulières d'une poignée de jeunes. L'automate Selecta situé à quelques mètres de là n'échappe pas aux jets de pierres et autres coups portés: «C'est vrai, on l'attaque souvent, sourit Lionel. On nous a provoqué en mettant une grille de protection, on a voulu prouver que l'on arrivait malgré tout à casser la vitre. En un an, on a dû la casser cinq fois au moins. Mais on n'arrive pas à prendre ce qu'il y a dedans, c'est juste le plaisir de briser la vitre.» La gare est donc devenue la principale zone de jeu pour jeunes sans scrupules. Les vélos parqués sont régulièrement cassés ou volés et la situation n'est pas prête de se calmer.
Promesses municipales
Du côté de la Municipalité, on promet d'améliorer le quotidien des habitants et des voyageurs: «Il est impossible de trouver normal que l'on s'attaque à des ouvrages publics, tonne le syndic Gérald Cretegny. Malheureusement, il y a des personnes qui ne tiennent pas compte de cela. Il est vrai que le passage sous-voie, qui appartient aux CFF, est considéré par certains habitants comme un coupe-gorge. Mais nous y travaillons et un nouveau passage devrait être construit si les crédits sont obtenus. L'étude de cette zone est dans sa phase débutante. La vidéo-surveillance peut être une solution, mais j'ai peur que les caméras ne soient aussi victimes des vandales...»
* nom connu de la rédaction