Chailly: un chantier controversé

CONSTRUCTION • Dans le quartier de Chailly, un projet immobilier provoque la colère de certains riverains. Ils ne comprennent notamment pas pourquoi le chantier se trouve aussi près d’une avenue pourtant très fréquentée.

  • Le chantier est si près de la route que le trafic se fait provisoirement en mode alterné. PHK

    Le chantier est si près de la route que le trafic se fait provisoirement en mode alterné. PHK

«Selon les directives sanitaires de la Confédération, la distanciation sociale, c’est moins de 2 mètres entre individus. La distanciation immobilière à Lausanne, c’est moins d’un mètre par rapport à l’une de ses grandes artères. Possible? Eh bien oui, à l’avenue de Chailly!» Adrien Welté est un homme outré. Ce Lausannois, qui habite depuis de nombreuses années dans le quartier de Chailly, poursuit avec d’autres habitants un combat contre la réalisation d’un projet immobilier qui a notamment vu une bâtisse notée 4 au recensement architectural du Canton être rasée pour faire place initialement à 2, puis finalement 4 bâtiments, au numéro 64 de l’avenue de Chailly.

Une vieille histoire

L’affaire débute en 2016. A hauteur du numéro 58 de l’avenue, côté lac, se trouve une des plus vieilles bâtisses de la zone, le chalet de la Coudrette. Cet imposant chalet en bois datant de 1912 ne passe pas inaperçu dans cet environnement essentiellement constitué de béton. Son propriétaire, Michel Ausoni, entend toutefois le démolir pour faire place à deux nouveaux locatifs d’une vingtaine d’appartements avec garage souterrain. Il justifie alors son choix dans les colonnes de 24 heures: «Un chalet en pleine ville, ça vieillit très mal. Les frais d’entretien devenaient trop lourds à supporter, notamment en ce qui concerne le traitement du bois et les mises aux normes.»

Son projet est mis à l’enquête. Il suscite immédiatement de nombreuses oppositions, dont celle d’Adrien Welté. «Ce chalet, représentatif d’un certain type de construction, doit pouvoir être protégé, ceci dans le cadre de la préservation du patrimoine bâti de la ville de Lausanne. Il est parfaitement intégré dans un cadre de verdure unique planté d’essences rares», écrit-il alors à l’Office de la police des constructions de la Ville. Mais rien n’y fait! Son opposition, comme les autres, sont finalement balayées, le site, bien qu’étant classé, n’ayant pas une valeur suffisante pour être sauvegardé.

Un chantier dangereux?

Depuis quelques longs mois, les travaux de construction des immeubles ont commencé. «Il était prévu d’en construire deux», rappelle Adrien Welté. «Grâce au terrain attenant, ils sont passés à quatre, ceci par le biais de deux mises à l’enquête séparées qui, par la suite, ont fait l’objet d’un seul chantier via la même entreprise de construction». Pour le reste, c’est tout particulièrement ce qu’il appelle «la distanciation immobilière» du chantier qui irrite aujourd’hui le Chailléran. «Allez voir sur place! Vous découvrirez un chantier dont l’un des immeubles se trouve à moins d’un mètre, trottoir compris, de l’avenue de Chailly qui est particulièrement chargée, notamment aux heures de pointe. Comme l’échafaudage du chantier empiète sur la route, des feux ont dû être installés et le trafic se fait provisoirement en mode alterné.»

Adrien Welt estime également que l’une des constructions de ce chantier va grandement prétériter les futurs habitants et utilisateurs du chemin du Grand-Praz qui déboucheront sur l’avenue de Chailly avec une visibilité quasiment nulle!» Ce qui lui fait dire, un brin ironique: «Il est de bon ton de discuter de qualité de la vie et de l’habitat dans les sphères dirigeantes lausannoises, est-ce donc cela la densification tant voulue et indispensable selon les mêmes autorités?» Contacté, le Service d’urbanisme de la Ville n’a pour l’instant pas donné suite à nos questions. Affaire à suivre! Philippe Kottelat