L’ouverture a été discrète, au cœur de l’été, mais peu à peu le bouche a oreille fait son effet. En juillet dernier, au 1 de la Galerie Benjamin Constant, à ouvert en effet la première cannathèque de Lausanne, une enseigne entièrement dédiée à la commercialisation du cannabis légal. Et depuis, la clientèle commence à affluer pour faire l’acquisition de ces produits, dont on ne cesse de vanter aussi bien les vertus médicales que nutritives.
L’objectif de cette succursale lausannoise de la société Swiss Cannabis, la deuxième en Suisse romande, est en effet d’offrir un large assortiment de produits vantant le potentiel bienfaisant et thérapeuthique du chanvre, sous de nombreux conditionnements.
En Suisse, la commercialisation de tels produits est légale depuis 2011, pour peu que leur teneur en THC (la célèbre substance psychoactive du cannabis, responsable de l’effet enivrant) soit inférieure à 1%. De fait, les produits vendus à la cannathèque sont surtout recherchés pour leur richesse en CDB (cannabidiol), le 2e principal principe actif du cannabis. Une sorte de chanvre sans effet de shoot, mais doté d’un incontestable effet relaxant qui fait d’ailleurs l’objet de nombreuses recherches cliniques en cours.
«L’offre et la demande augmentent rapidement, constate en tout cas l’Office fédéral de la Santé publique sur son site internet. Les discussions portent actuellement sur les possibles propriétés thérapeutiques du CBD (antioxydantes, anti-inflammatoires, anticonvulsives, antiémétiques, anxiolytiques ou antipsychotiques). Son effet médicinal n’est pour l’instant pas assez avéré par la recherche».
A la nouvelle cannathèque de Lausanne, l’essentiel des clients fait en tout cas le déplacement pour cela, même si les produits alimentaires à base de chanvre rencontrent également un vrai succès pour leurs qualités nutritives.
Anxiété, douleurs
«Beaucoup de personnes viennent chez nous pour essayer de soigner leur anxiété, leurs douleurs ou leur insomnie, explique Miguel, le jeune vendeur de la boutique. Nous nous bornons à leur expliquer nos produits, sans mention ni de posologie ni d’indication, car n’étant pas pharmaciens, nous n’avons pas le droit de le faire». De fait, une large proportion des produits vendus se présente sous forme de gouttes, à mille lieux de l’image de «fumette» que le cannabis véhicule ordinairement. D’ailleurs, une part non négligeable de la clientèle est composée de personnes d’un certain âge, voire même nettement âgées, à la recherche d’une substance susceptible de soulager leur maux.
«De nombreuses personnes savent déjà ce qu’elles cherchent. Il arrive même parfois que certaines soient recommandées par un médecin, ou viennent chez nous après avoir lu un article, ajoute Miguel. Leur demande est toujours la même: quelque chose qui puisse les soulager, mais qui ne soit pas chimique.»
Résultat: le «cannabis légal» est un marché en pleine extension. «Toutes les succursales sont dans les chiffres noirs alors même que le premier magasin n’a ouvert qu’en septembre 2016, explique Irene Franco responsable médias, pour Swiss Cannabis. Cela prouve bien l’intérêt du public pour ce type de produits».