Le revers de la médaille à Sotchi

  •  Manon Schick, Directrice d'Amnesty International Suisse

    Manon Schick, Directrice d'Amnesty International Suisse

Les Jeux olympiques de Sotchi se déroulent dans une ambiance de répression: deux militants écologistes ont été arrêtés, alors qu’ils n’avaient fait que dénoncer les atteintes à l’environnement. Depuis le retour de Poutine à la présidence de la Russie, la situation se détériore en matière de droits humains. Des lois liberticides ont été adoptées, qui prévoient l’interdiction du «blasphème» ou de la «propagande homosexuelle», et l’obligation pour les organisations non gouvernementales (ONG) de s’enregistrer en tant qu’«agents étrangers» si elles reçoivent des fonds de l’étranger.

Fin janvier, j’étais à Moscou pour remettre aux autorités russes notre pétition signée par plus de 330’000 personnes en faveur de la liberté d’expression en Russie. L’accueil a été glacial, parce que notre délégation n’était pas la bienvenue. Nous n’avons reçu l’autorisation de manifester que sur une place à l’écart, où personne ne pouvait nous voir, à part les caméras des télévisions.

Heureusement, la société civile russe, elle, nous a accueillis chaleureusement. Une rencontre m’a marquée, celle avec des manifestants qui avaient été arrêtés en 2012 pour avoir protesté contre la réélection de Poutine. Certains ont été libérés suite à une amnistie en décembre, mais un autre est toujours détenu dans un hôpital psychiatrique. Sa sœur nous a raconté que seules les lettres de solidarité qu’elle lui apporte lors de ses visites sont encore en mesure de lui arracher un sourire.

Pour que ces JO ne restent pas dans l’histoire comme ceux de la répression, permettez-moi de distribuer quelques médailles d’encouragement aux ONG russes qui s’engagent pour davantage de justice dans leur pays et aux Suisses qui témoignent leur solidarité à ces militants courageux.