Le café de Grancy, vertu de la simplicité limpide

Je ne sais pas pour le nom des gens, mais celui des lieux révèle déjà des choses. Il faut ainsi toujours se méfier des endroits qui s’appellent «lounge», à part dans les aéroports. Un lounge, c’est un salon d'attente. Hors aéroport c’est un concept creux, à part peut-être chez le médecin. Gare aussi à tout ce qui s’appelle «bar» sans en être vraiment un. La manucure qui s’appelle bar à ongles, le boulanger qui s’appelle bar à pains, le glacier qui s’appelle bar à glace. En toute logique, fuyons plus encore les lieux qui cumulent en s’appelant «bar lounge». A l’inverse, il est bon d’aimer les cafés qui ont comme nom le lieu où ils se situent. C’est souvent un gage d’authenticité, d’attachement, d’appartenance à un quartier, la vertu de la simplicité limpide, le midi qui ne va pas chercher quatorze heures. Ainsi en est-il du Café de Grancy qui se situe donc sur le boulevard et près de la station de métro éponymes. Et cette proximité, cette clarté annoncées dans le nom, se vivent aussi dans les murs plongé dans un brouhaha joyeux, le lieu frémit et frétille sans cesse, plein de familles, de riverains, de copains ou de voyageurs. Tandis que les grandes tables sont dressées pour le service du soir, qui s’annonce comme souvent complet, le coin salon, meublé vintage et débordant de jouets, fait le bonheur des enfants en cette froide journée d’entre-fêtes. Quant à moi, j’ai succombé ici à un péché gourmand qui ne triche pas, lui aussi authentique et très attachant tout simplement le meilleur hachis parmentier du monde. Oui, un hachis peut être attachant.