Quelle croissance pour la ville de Gland?

INTERVIEW • Dans un contexte de croissance à tout prix, le syndic glandois, Gérald Cretegny, fait figure d’exception. Il prône un développement modéré et rappelle l’importance d’infrastructures suffisantes pour faire face à la hausse démographique annoncée.

  • Le syndic Gérald Cretegny entend garder la tête froide lorsqu’il s’agit de parler croissance de sa ville. dr

    Le syndic Gérald Cretegny entend garder la tête froide lorsqu’il s’agit de parler croissance de sa ville. dr

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    Gland

Lausanne Cités: D’ici 2030, la population du district de Nyon devrait passer de 96’000 à 120’000 habitants, cela vous fait-il peur?

Gérald Cretegny: Cette croissance est la suite de ce que nous avons vécu ces 30 dernières années. Nous pouvons la soutenir à condition que nous puissions l’accompagner intelligemment. En clair, nous devrons trouver dans le district de demain autant de plaisir à y habiter qu’aujourd’hui. Soit nos partenaires cantonaux et fédéraux nous aideront à mettre en place des infrastructures suffisantes (transports publics, routes, équipements sociaux, loisirs), soit nous devrons réduire la voilure.

La croissance démographique facilite la croissance économique, c’est plutôt une bonne nouvelle, non?

C’est une question d’équilibre: le district profite de la réputation de l’arc lémanique, et, géographiquement, du renom de Genève. Un point positif que le district doit utiliser pour valoriser ses atouts. Par contre, le prix du foncier ne permet plus à de nombreux artisans de grandir sur place. De même que canton et communes interviennent au niveau du logement pour offrir aux habitants qui en ont besoin des loyers accessibles, il nous faut mettre en place des zones d’activité pour le secondaire à des conditions privilégiées.

Êtes-vous un partisan de la décroissance ou de la croissance ?

Je pense qu’il n’existe aujourd’hui aucun modèle exemplaire. La croissance zéro implique à court terme un ralentissement économique impliquant des conséquences sociales qu’il faudrait gérer, mais avec quels moyens? Cette crise-là pourrait être incontrôlable et dangereuse. Nous vivons dans un système dont le moteur est la croissance. Utilisons-le pour nettoyer le monde, et commençons par nous.

Votre principale crainte est que l’on abîme le tissu social, pourquoi?

Le tissu social est à la société ce qu’est le mycélium pour les champignons: un réseau de fibres, de ramifications qui permet aux humains de vivre en symbiose avec leur environnement communautaire et d’échanger, partager. Les conditions pour que ce mycélium social se développe doivent être au centre de nos réflexions. Développer, ce n’est pas seulement empiler du béton et des structures métalliques: c’est d’abord imaginer la vie des gens.