Frédéric Recrosio

  • Frédéric Recrosio

    Frédéric Recrosio

Avec son petit air de Monsieur Propre ou de corsaire, c’est selon l’humeur et le temps, une chose est sûre, Frédéric Recrosio détonne dans le paysage humoristique romand. Libertaire et frondeur, cet amuseur public s’applique à barder son humour d’art, insufflant à chacun de ses seuls-en-scène une bise théâtrale qui aère avec intelligence l’instantanéité de la pratique de la punchline. L’homme de scène est aussi un épicurien explorateur de saveurs, qui a lancé son saucisson, le Don Recroze, avec son ami Philippe Ligron. A l’orée de l’été, il écrit ses futurs projets, dont une prometteuse variation sur le thème de l’amitié en duo avec Brigitte Rosset.

COUP DE GUEULE

Je vis à la Cité, sublime quartier moribond. Tous les jours, je traverse ses rues désertes en me demandant si la fin du monde a eu lieu sans qu’on me le dise. Ça et là, il y a des gens qui bougent encore, peut-être douze, en tout. Et puis, il y a quelques établissements qui essaient de raviver l’ambiance, d’animer leur trottoir, tout sourire dehors - mais on raconte que les habitants préfèrent qu’il n’y ait rien. Ça me fait un peu pleurer par dessus l’incompréhension. Je voudrais pas déranger mais moi, j’aime les gens qui disent oui. Paraît que recevoir une approbation encourage, responsabilise, améliore le réveil ; et la donner guérit de la listériose. Et si c’est pas sûr, ça vaut le coup d’essayer.

COUP DE BOULE

Les endroits qui ne mélangent pas les gens. Qui servent de point de ralliement à des cliques/tribus/meutes où tout le monde pense pareil (sauf quand personne ne pense du tout, ce qui arrive souvent aussi). Ce sont des lieux d’appartenance – et en voilà une formule flippante… Appartenir, c’est pour les choses, non? Par ailleurs, on y pratique l’endogamie, à force de confinement dans les «semblables» ; ça donne pas envie. On s’y connaît parce qu’on s’y reconnaît. Résultat: on ne rencontre plus personne et on n’apprend rien. A part à se comparer les fringues.

COUP DE POUCE

Les frigos collectifs. C’est une idée toute simple, qui a démarré à Berne en 2015, etqui diminue le fléau du chacun pour soi. T’as trop, tu donnes; t’as pas assez, tu prends. Et on arrête de jeter autant.

COUP DE FOUDRE

Je suis impressionné par Elise Rabaey et le travail de Lausanne à table, qui est une association qui promeut le goût. Sur ce coup-là, des gens de tous horizons se rencontrent, partagent autour de ce qu’on fait de mieux pour réunir les gens: manger. Et il y a là une très belle idée pour la ville: s’illustrer autrement.

COUP DE CŒUR

Mon nouveau stamm est un peu en dehors de Lausanne. C’est un restaurant à Saint-Sulpice qui s’appelle L’Abordage. Une cuisine simple, un accueil chaleureux, une terrasse splendide. J’ai envie de leur faire de la pub, à croire que si un jour j’ouvrais un restaurant, il ressemblerait à ça…

COUP DE CHAPEAU

Lausanne est plutôt un village. Et quoi de mieux que de vivre à la campagne?