Jean-Luc Fornelli

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    Jean-Luc Fornelli

Jean-Luc Fornelli sort ces jours-ci son nouveau livre «Poésie de Gare», 106 pages de folie poéticomique. Amoureux des mots, l’homme se fait tantôt humoriste, tantôt chroniqueur, tantôt poète. Tantôt il invente les haïkukus suisses, mélange de poésie traditionnelle japonaise et de tradition burlesque helvète, tantôt il écrit pour le toujours vigoureux Vigousse, tantôt il encyclopédise quelques sujets grivois, tantôt il découpe des photos pour en faire de savoureux détournements. Justement, ses photomontages, baptisés «comicollages», il les expose à la Chambre Noire à Lausanne, le vernissage a lieu le 15 décembre avec performance graphicomique à 19h. L’exposition s’appelle «Le Très Bon Débarras», on sent le champion vertueux du calembour bien né. Et, pour ne pas oublier le trublion de la poésie qui rugit en lui, il propose une soirée dédiée aux poètes qui font rire, Poesia Comica, les 1er et 2 décembre à la Maison de la Culture de Montreux.

COUP DE GUEULE

L’organisation humaine est beaucoup trop compliquée. Tout passe par de l’administratif, des formulaires, des règlements, des contraintes, des barrières. Tout projet qui aboutit tient donc quasiment du miracle. Du concours de poésie à la déclaration d’impôts, du permis de construire à l’autorisation de manifestation, de la postulation pour un emploi à l’inscription sur un site de rencontres, tout est question de formulaires, de fiduciaires, de notaires. D’ailleurs je me dis que si les notaires sont si bien payés, c’est à cause de la pénibilité de leur travail. Vous avez déjà rencontré quelqu’un qui voulait devenir notaire?

COUP DE BOULE

Quand je regarde les réseaux sociaux et le déferlement de haine qui en ressort chaque jour, à grands coups de commentaires et de posts tous plus racistes, sexistes ou violents les uns que les autres, je me demande comment l’être humain moyen peut être aussi mauvais. Je ne me sens vraiment pas du même monde, et j’ai perdu une certaine candeur en découvrant cela. Chaque actualité donne l’occasion de commentaires haineux, émis par des lâches cachés derrière leurs pseudos et leurs écrans. Il y a quelque chose de malsain dans cette liberté d’expression.

COUP DE POUCE

J’ai envie de soutenir les artistes qui prennent le risque de partir dans l’absurde et l’insolite, plutôt que de rester dans les sujets de société classiques. La création actuelle donne trop d’importance à l’actualité. On ne laisse plus, ou peu, de place aux descendants directs des Monty Python ou d’Andy Kaufman. La comédienne Marion Duval, qu’on a pu voir à Vidy, ou le Collectif français Catastrophe, font ainsi encore preuve d’une vraie liberté créative, mélangeant performance, poésie, humour et non-sens, à la manière des dadaïstes. Je suis pro-Dada!

COUP DE FOUDRE

J’en parlais dans les lignes précédentes, et j’enfonce le clou du spectacle: la comédienne Marion Duval. Pour moi, c’est un choc. J’ai tellement aimé la pièce que j’ai vue à Vidy que j’y suis allé deux fois de suite, ce qui ne m’était jamais arrivé. Cette metteure en scène et comédienne, qui est passée par La Manufacture après une formation en danse classique et contemporaine, explore de nouveaux territoires artistiques. Avec elle, aucun danger de sentiment de «déjà-vu»!

COUP DE CŒUR

La libraire-galerie Humus que j’ai découverte il y a dix ans, et qui est spécialisée dans l’humour, l’érotisme et le Japon, trois univers qui me bottent particulièrement. D’abord client (je recherchais les œuvres de mon aphoriste préféré, Ylipe, qui a notamment écrit «Le cil est un poil qui a réussi»), je suis devenu au fil du temps un des auteurs publiés par leurs soins. Cette librairie est une malle aux trésors.

COUP DE CHAPEAU

J’aime bien aller du côté de La Palud, et dans toutes les ruelles adjacentes et piétonnes, riches de lieux culturels chaleureux. J’ai beaucoup ri à Lausanne, du temps béni du Caveau de l’Hôtel de Ville notamment, puis plus tard du Lido. J’aime aussi le côté «san-francisquesque» de la ville.