Un collectif de citoyens et d’élus veut renommer le stade Samaranch

VIDY • Lancée en ligne par deux joueurs du Stade Lausanne-Ouchy et soutenue par des élus locaux, une pétition vient d’être déposée auprès des autorités lausannoises. Elle demande à ces dernières de trouver un nouveau nom à l’enceinte sportive située près du lac. La raison? Le passé franquiste de l’ancien président du CIO. 

«Un stade pour tous·tes: changeons le nom honteux du stade Juan-Antonio Samaranch!», l’intitulé de la pétition lancée en février dernier sur le site Change.org ne laisse planer aucun doute, les initiants sont particulièrement remontés contre l’ex-président du CIO. «Je suis un ancien joueur du FC Stade Lausanne-Ouchy, précise d’emblée Karl Voggensperger, l’un des deux pétitionnaires. Un soir, au détour d’une conversation anodine, je me suis demandé qui était Juan Antonio Samaranch puisque j'ai toujours joué dans ce stade qui porte son nom. Au début, c’était de la simple curiosité due à mon jeune âge, 27 ans.»
Soutien d’élus lausannois
C’est en parcourant les différentes pages Internet consacrées au dirigeant sportif et homme politique espagnol que les deux footballeurs amateurs sont tombés des nues: «Nous avons été scandalisés de découvrir que cet homme était un partisan connu du dictateur Francisco Franco, qu’il avait été nommé délégué national de l’éducation physique et des sports de ce régime responsable de près de 200 000 morts! Il est d’ailleurs possible de voir Samaranch effectuer le salut fasciste sur une photo historique, franchement cela nous a retourné le bide et nous a motivés à lancer cette pétition.
Huit mois après son lancement, le texte n’a récolté que 154 signatures en ligne. Un succès mitigé qui a poussé les initiants à se rapprocher d’élus locaux prêts à porter cette cause sur le plan politique. C’est ainsi qu’ils se sont naturellement tournés vers Ilias Panchard (Verts) et Yusuf Kulmiye (PS), deux conseillers communaux lausannois particulièrement sensibles à ce type de démarche. Ce dernier confirme n’avoir pas hésité bien longtemps avant de se saisir de cette question: «J’ai pour principe de relayer politiquement les actions qui questionnent notre passé. Juan Antonio Samaranch était un homme politique controversé, d’extrême-droite et dont le soutien au régime franquiste ne fait aucun doute. Qu’un stade de football, sport d’inclusion par excellence, lui rende hommage, cela ne me convient pas.» Ne craint-il pas de se faire taxer de policier de la morale? «Non, cette démarche visant à rebaptiser certains lieux a déjà été enclenchée par la Ville. Dans un souci de féminisation, mais aussi de lutte en faveur des minorités, ce fut le cas, par exemple, pour l’avenue Louis-Agassiz, un scientifique ouvertement raciste. Certains noms ne reflètent tout simplement plus la Lausanne d’aujourd’hui.»
Justement, qu’en pense la municipale lausannoise en charge des sports, Emilie Moeschler? La réponse reste plutôt évasive. «En ce qui concerne la pétition, la Ville n’a pas reçu de communication de la part des pétitionnaires. Pour rappel, le stade a été baptisé en 2001 du nom de Monsieur Juan Antonio Samaranch. La Municipalité souhaitait alors saluer l’attachement de l’ancien président du CIO à Lausanne, d’avoir ancré la ville comme siège du CIO et de lui avoir décerné le titre de Capitale du mouvement olympique.»
Chappi à Vidy?
Quant au FC Stade Lausanne-Ouchy, principal occupant de l’enceinte sportive située à Vidy, la question d’un changement de nom semble plutôt dérangeante puisque le club n’a pas donné suite à nos sollicitations. Preuve que cette démarche visant à rebaptiser le stade Juan-Antonio-Samaranch reste éminement politique.Si elle devait aboutir un jour, ce qui n’est pas exclu, un nouveau nom devra donc être trouvé à l’enceinte sportive située au sud de la ville. Ce qui ne sera pas une mince affaire, même si Karl Voggensperger a sa petite idée sur la question: «Avec mon frère, on a pensé au stade Stéphane Chapuisat.»