On bosse quand?

CHRONIQUE SATIRIQUE - Notre chroniqueur Alan Monoc expérimente les joies des identités à géométrie variable.

Moi je suis comme le site internet de la Ville de Lausanne, la semaine passée. Je subis une grave attaque de déni de service, puisque je ne veux pas servir dans l’armée.

Réflexion faite, je vais donc faire comme ce jeune Suisse astucieux, qui a voulu tester les limites du système et a officiellement changé de genre pour se dispenser de l’obligation de servir.

Une démarche purement administrative, vraiment simple comme bonjour qui, en plus, a l’avantage d’être réversible puisque notre gaillard si déterminé dans son indétermination de genre, peut redevenir femme aussitôt qu’il le souhaitera.

Du coup, puisque tout est si simple dans ce monde aussi flexible qu’inclusif, j’ai décidé ce matin de changer moi aussi officiellement de genre pour devenir femme, et comme le déserteur de Boris Vian, je n’irai pas à l’armée.

Demain en revanche, je serai homme et je dirai à mon patron-ne qu’à cause de mon service militaire, je ne pourrai pas aller bosser pendant plusieurs semaines.

Le jour de la reprise du travail, je serai femme, et en raison de mon droit légitime au congé menstruel, je ne pourrai pas aller bosser.

Dans l’intervalle, ma copine aura accouché et redevenu homme, j’aurai droit à mon congé paternité et je ne pourrai pas aller bosser.

La semaine suivante, je lui dirai que je suis devenu musulman et que devant pieusement fêter l’Aïd à la maison, je n’irai pas bosser.

Le jour suivant ce sera Hanouka et fraîchement converti au judaïsme, je n’irai pas bosser, juste à temps d’ailleurs pour faire le pont jusqu’à Noël, jour où, héritage judéo-chrétien oblige, de toutes façons personne ne bosse.