Elie Semoun débarque ce dimanche à Lausanne

HUMOUR • Après avoir signé une nouvelle adaptation de la bande dessinée «Ducobu» cet été au cinéma, après avoir réalisé un émouvant documentaire familial, Elie Semoun est de retour sur scène avec un tout nouveau one man show le 11 décembre prochain à la salle Métropole à Lausanne.

  • un humoriste touche-à-tout, sur le fil de l’émotion à fleur de peau et du fou rire. Pascal Ito

    un humoriste touche-à-tout, sur le fil de l’émotion à fleur de peau et du fou rire. Pascal Ito

Lausanne Cités: Votre précédent spectacle, qui date de 2017, s’appelait «A Partager». Après toutes ces années, avez-vous encore des choses à partager avec le public?

Elie Semoun: Plus le temps passe et plus j'ai envie de partager, d'échanger. En fait, on peut explorer ce métier à l'infini, je pourrais l’exercer jusqu'à la fin de mes jours. J’aime partager mes histoires, ma passion, en famille. J’ai récemment sorti un documentaire sur mon papa, qui souffre de la maladie d’Alzheimer. Partager mon expérience m’aide, et ça aidera peut-être aussi d’autres personnes. Sur scène, je suis dans ce partage. Je n’aime pas quand je n’ai rien à donner.

Vous venez aussi de sortir un roman…

Oui, en octobre. C’est un roman d’amour qui s’intitule «Compter jusqu’à toi».

Vous êtes partout à la fois, et pas seulement sur scène pour faire rire…

Non, c’est ce que je vous disais au début: l’important pour moi c’est le partage. Que ce soit à travers des sketchs, un roman d’amour, un film au cinéma ou un documentaire sur mon papa…

Paradoxalement, ne pensez-vous pas que nous sommes dans un monde «d’illusion du partage» avec les réseaux sociaux? Un monde qui est en fait de plus en plus individualiste?

Je suis sûr qu'il n'y a jamais eu autant de solitude que dans notre société contemporaine. Les réseaux sociaux, les applications de rencontres, nous donnent l’illusion du partage, du lien social. Il y a quelque chose d'extrêmement artificiel et dangereux dans tout ça. C'est chronophage et addictif, ça vous coupe du monde. Moi aussi, je passe du temps à regarder des bêtises sur mon téléphone, et je le regrette parce que c'est une grosse perte de temps. Tout ça n'est pas du vrai partage. Amener les gens dans un cinéma ou dans un théâtre, voilà un vrai moment de partage dans la vraie vie!

Votre nouveau spectacle s’intitule «Elie Semoun et ses Monstres». Qui sont ces monstres?

Comme je le dis sur scène, ces monstres, ce sont des gens comme vous et moi, ils ne viennent pas d’une autre planète. On peut tous être des héros, on peut tous être des monstres. Ce qui m’intéresse, ce sont les failles qu’on porte en chacun de nous. Ces failles, ça crée une fragilité, qui est belle à travailler sur scène, parfois jusqu'au point de rupture de mes personnages.

Est-ce que la société fabrique les monstres ou est-ce que ce sont les monstres qui façonnent le monde dans lequel on vit?

Je pense que ce sont les monstres qui fabriquent le monde dans lequel on vit. Certains dirigeants ou patrons puissants par exemple, mais aussi les monstres du quotidien: dans mon spectacle, je présente un jihadiste repenti, ou un homme méthodiquement infidèle.

Ce qui m’intéresse c’est faire rire avec des choses dont on ne rirait pas forcément naturellement. Il y a un moment où je partage la scène avec une urne funéraire! L’humour viendra de l'inattendu, de l’incident, de l’accident. J’essaye toujours d’attaquer les sujets de société par des angles originaux. Par exemple, je parle d’un gars qui retrouve du boulot après trente ans de chômage! C’est un tout nouveau monde pour lui, il va découvrir la société actuelle et tous ses enjeux …

Vous aimez toujours autant les galeries de personnages… c’est un peu votre marque de fabrique.

Oui, je ne fais pas de stand-up. Je trouve que l’on s’attache plus facilement à des personnages, et qu’on peut leur faire dire plus de choses.

Ça ne vous a jamais tenté le stand-up?

J’en fais un peu au début du spectacle, je parle avec les gens, j'échange avec eux, enfin avec ceux du premier rang, parce qu’au fond, pour aller les chercher… (rires). Je n’ai rien contre le stand-up, mais je suis un comédien, un pur comédien et j'adore interpréter des personnages. Et c'est ce que le public vient voir chez moi.

L'affiche du spectacle est résolument vintage, avec un petit côté cirque, cabaret…

J’ai eu l’idée de cette affiche en me baladant aux puces de Clignancourt à Paris, devant des vieux posters. J’avais aussi envie de faire un clin d’œil à «Freaks», le film de Tod Browning. J'ai cette sensation de me promener en tournée avec ma caravane et tous mes personnages, mes monstres.

Muriel Robin a participé à l’écriture du spectacle…

Un peu oui! Ça fait trente ans qu’on se connaît avec Muriel, on a beaucoup écrit ensemble, c’est toujours un vrai plaisir, elle a une telle précision, une telle rigueur. Il y a aussi eu Manu Payet, Vincent Dedienne, et puis Fred Hazan, le metteur en scène du spectacle. C’est assez dur, parfois, intense en émotion, par exemple quand je parle de ma mère. Il faut des regards extérieurs.

En fait, c'est un travail d'équipe de faire…

… un one man show? Oui! Vous avez l’impression que je suis seul sur scène, mais en vrai il y a plein de gens derrière!

«Elie Semoun et ses Monstres». Salle Métropole, Lausanne Le 11 décembre à 18h