«En finir avec la politique? Pas question!»

- En juin 2016, Daniel Brélaz quittera la Municipalité après près de 15 ans de syndicature.
- Pour ce politicien inclassable et stakhanoviste, les mois qui viennent s’annoncent encore chargés de projets importants.
- Après la Municipalité, le géant vert entend bien continuer à peser sur les scènes politiques lausannoise, fédérale, et même internationale.

  •  Daniel Brélaz est plus décidé que jamais de ne pas abandonner le champ politique après son retrait de la Municipalité. VERISSIMO

    Daniel Brélaz est plus décidé que jamais de ne pas abandonner le champ politique après son retrait de la Municipalité. VERISSIMO

Vous venez de terminer vos dernières vacances en tant que Syndic. Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous à l’approche de la fin de votre mandat?

Tout à fait normal, car je sais depuis longtemps que ça doit arriver. J’ai fait mon dernier discours du 1er août, ma dernière fête du nouveau président du conseil communal... De toutes façons, il va y avoir beaucoup de «dernières» d’ici la fin de mon mandat, le 30 juin prochain.

Vous êtes donc serein...

En 2016 j’aurai fait 26 ans et demi en tant que Municipal dont plus de 14 ans en tant que Syndic. Et surtout j’aurai eu la chance de pousser beaucoup de projets innovants, et ce dans le contexte d’un pays où la lenteur administrative et juridique est notoire. Heureusement j’en ai vu aboutir certains, comme Tridel, le M2, etc.

Vous êtes donc satisfait de votre bilan?

Ma caractéristique en tant que Syndic aurait été de faire émerger une ville très innovante notamment en termes de transports. En outre, j’ai surtout su organiser des alliances à géométrie variable pour faire avancer des objets, le tout sans écarter personne. Je me fiche de la postérité. L’essentiel, c’est que quand je me regarde, je n’aie pas le sentiment d’avoir trahi mes pensées et ma ligne politique.

Quels dossiers vous reste-t-il à traiter d’ici la fin de votre mandat?

En ce qui concerne mon département, j’espère faire aboutir ou avancer certains dossiers avant mon départ: le dossier du Capitole, le projet Equitas d’organisation salariale du personnel pour lequel j’espère faire sortir un préavis avant la fin de la législature... Je me fais un devoir aussi de clarifier le dossier de Beaulieu avant de partir. Si je fais avancer tout ça, j’aurais fait mon travail.

Vous aurez occupé la fonction de Syndic durant près de 15 ans. Quelles qualités requiert-elle selon vous?

Il faut impérativement connaître tous ces dossiers, faire preuve de bon sens, savoir tisser de larges alliances et surtout anticiper... Enfin, dans une ville comme Lausanne, il faut être le plus polyvalent possible car il y a beaucoup de problèmes. Etre attentif aux questions financières et tenter de répondre aux attentes de la population, qui a des exigences croissantes en matière de petite enfance, de sécurité, de culture et de mesures sociales. Enfin, il est essentiel que le syndic fasse en sorte que l’ensemble des membres de la Municipalité trouvent des points où s’investir. Ce n’est que comme ça qu’une ville peut marcher, il faut fonctionner par addition plutôt que par soustraction.

Compte tenu de ces qualités, quelle personnalité politique verriez-vous pour vous succéder?

La réponse à cette question appartient au peuple, et uniquement au peuple.

Tout de même, vous avez bien une idée...

Une à deux personnes ont bien ce potentiel. Mais c’est au pied du mur qu’on reconnait un maçon. Alors entre avoir un potentiel et le concrétiser... D’autant que le contexte, local et même national joue un rôle important...

Natacha Litzistorf est la candidate des verts pour la Municipalité. Que pensez-vous de son profil?

D’abord, personne n’est jamais élu avant une élection! Mais c’est incontestablement une personnalité de réseaux, dynamique et à l’écoute, chez laquelle je ne vois aucun signal négatif. J’espère que ça la mettra en position de me succéder à la Municipalité, en tenant aussi compte du fait que le score des Verts au Conseil communal aura une importance.

Vous êtes candidat au National pour les élections fédérales du mois d’octobre. Daniel Brélaz ne connaît-il pas le mot retraite?

De deux choses l’une: soit je suis élu au National et je quitte le Grand Conseil, soit je ne suis pas élu et j’y reste même si compte tenu des enjeux énergétiques et climatiques j’estime ma présence à Berne plus importante qu’à Lausanne. Mais pour répondre à votre question, il n’est pas question que j’en finisse avec la politique dans la décennie à venir, même si j’entends mener une cure de désintoxication par étapes (rires). De toutes façons, je vais passer de semaines de 70 à 80 heures à des semaines à 40 heures!

En effet votre agenda d’après Municipalité semble d’ores et déjà bien chargé...

En effet, le Conseil d’Etat m’a confié pour 2016 un mandat de représentation au Conseil d’administration des tl. J’ai demandé en outre à garder la présidence de l’Union Mondiale des Villes Olympiques et je serai présent en décembre 2015 à la conférence sur le climat où les enjeux seront énormes. Quoi qu’il arrive dans 30 ou 40 ans nous serons passés à un société à faible émission en CO2. Nous allons donc vers un changement majeur de paradigme sur lequel ceux qui seront aux affaires à la Municipalité de Lausanne, ou ailleurs, ne pourront pas faire l’impasse.