Le biodiesel en danger?

ETOY • Faute de soutien suffisant de la part de la Confédération, la production de biodiesel pourrait purement et simplement disparaître de l’arc lémanique. Faut-il craindre ce scénario?

  • Leman Bio Energie

    Leman Bio Energie

Leman Bio Energie, une PME installée à Etoy, est la seule à produire du biodiesel sur l’arc lémanique. Et elle pourrait bientôt disparaître. C’est l’avis tranché de son président, Jean-Pierre Passerat: «Le système suisse favorise l’importation au détriment des entreprises installées dans le pays, on marche littéralement sur la tête! Nous disposons pourtant de gisements d’huiles usagées, utilisées pour le biodiesel, mais on préfère faire venir des productions d’Amérique du Sud. C’est absurde!»

La société produit actuellement environ 2,5 millions de litres de biocarburant dans son usine. Pour y parvenir, elle fait appel à un réseau de 2000 restaurateurs en Suisse romande qui fournissent leurs huiles usagées à la PME.

Si rien ne change, les quatre postes de travail de cette dernière sont directement menacés, mais c’est aussi l’aspect écologique qui irrite Jean-Pierre Passerat: «On transporte des millions de litres de l’étranger, émettant ainsi des tonnes de CO2 alors que des usines suisses produisent du biodiesel. Il faut, au contraire, favoriser l’achat aux producteurs locaux avant d’opter pour des importations.»

Discussions déterminantes

Dans une période où la production énergétique de proximité est généralement valorisée, le président de Leman Bio Energie s’étonne de cette absence de soutien à Berne. D’autant que les compagnies pétrolières peuvent déjà incorporer 7% de biocarburant dans le diesel traditionnel sans indication particulière aux consommateurs.

Cette réalité n’empêche cependant pas la société d’Etoy de vaciller. On se souvient que ce n’est pas une première dans ce village de La Côte. En 1994, un groupe d’agriculteurs fonde Eco Energie Etoy pour construire une unité de production de biodiesel à base de colza. Le succès est au rendez-vous avec plus de 1000 agriculteurs romands qui deviennent membres de la coopérative.

À la fin de l’année 2012 pourtant, la défiscalisation des agrocarburants condamne définitivement l’activité de cette société. Cette dernière se reconvertit ensuite dans le domaine du photovoltaïque. Un scénario que ne souhaite pas reproduire Jean-Pierre Passerat: «Nous verrons bien si nous obtenons l’appui nécessaire pour poursuivre notre activité. Ce mois-ci, des discussions sont prévues à Berne sur la politique énergétique 2020-2050, elles seront déterminantes.» Il appartient donc à la Confédération de décider si le biodiesel a encore un avenir à Etoy.