Huile, céréales, moutarde, essence: les consommateurs font le plein

COMMERCE • Les prix de certaines denrées ont explosé. Qu'en est-il dans les rayons vaudois et comment réagissent les consommateurs? Explications.

  • Dans certaines Migros, on ne trouve plus que de la moutarde à l’ancienne. DR

    Dans certaines Migros, on ne trouve plus que de la moutarde à l’ancienne. DR

«Vous avez de la moutarde? Et de l'huile?», interroge Roseline en interpellant un vendeur de la Migros. Habitant en France voisine, cette frontalière vient s'approvisionner en Suisse. Car, depuis plusieurs jours, les rayons de ces deux aliments sont vides dans son supermarché. La raison? La mauvaise récolte enregistrée en 2021 et l’invasion de l’Ukraine en février. De quoi nourrir les plus vives inquiétudes chez les consommateurs.

Pour autant, du côté du géant orange, on se veut rassurant. La fourniture en huile de tournesol et autres produits dérivés comme les barres de céréales ou la moutarde n’a pas été fortement affectée. «Nos commandes sont honorées sur l’ensemble du territoire national», affirme le porte-parole, Tristan Cerf. Et d’ajouter que si l’entreprise devait changer la composition des recettes de certaines préparations, alors ces modifications seraient dûment notifiées sur les emballages.

Evolution scrutée

Porte-parole chez Coop, Caspar Frey est lui aussi confiant. L’autre géant de l’agroalimentaire n’achète qu'une petite partie de l'huile de tournesol vendue sous ses marques propres en Ukraine, assure-t-il. Une part des huiles de tournesol provient de la production suisse. Mais, si les effets de la situation ukrainienne sur l'approvisionnement sont imperceptibles, il demeure néanmoins vigilant quant à l’évolution du marché. «Nous avons d’ailleurs temporairement suspendu les promotions sur l'huile de tournesol». Et pour les mois à venir? La récolte de tournesol est déjà dans les entrepôts de la coopérative.

Si les deux enseignes de la grande distribution ne s’inquiètent pas outre-mesure, les consommateurs, eux, se montrent plus circonspects. A tel point que d’aucuns préfèrent stocker huiles et moutarde, dégarnissant ainsi les rayons de certains magasins. Pour Barbara Pfenniger, chargée du secteur alimentaire à la Fédération romande des consommateurs (FRC): «Si ce réflexe est compréhensible, l’achat impulsif peut générer des dépenses inutiles. Ces produits ont des dates de péremption. Il n’y a aucun intérêt à les entasser dans les placards pour les jeter ensuite.»

Nouveau souffle

Barbara Pfenniger ajoute qu’une ordonnance de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) va entrer en force en juillet. Elle pourrait amener un nouveau souffle aux industries alimentaires. «Le texte prévoit que les producteurs puissent remplacer l’huile et la lécithine de tournesol par d’autres huiles végétales. Les produits fabriqués avec les nouvelles composantes devront porter un autocollant rouge spécifique.» Si le secteur alimentaire reste en alerte, celui de l’énergie est en ébullition. Il faut dire que le prix du carburant a flambé.

Et plutôt deux fois qu’une. «Si le coût de l’essence avait déjà pris l’ascenseur avec la reprise économique, la crise ukrainienne a intensifié la pression sur les prix», déclare Laurianne Altwegg, du pôle environnement et énergie à la FRC. Cette majoration du prix de l’essence – de plus de 30% depuis le début du conflit – pourrait impacter la mobilité, notamment en favorisant l’usage des transports en commun. Pour la représentante de la FRC, des aides ciblées telles que la réduction du prix des abonnements des transports publics ou la mise en place de chèques énergie seraient bienvenus pour alléger le porte-monnaie des ménages.

A titre individuel, histoire d’économiser, la FRC dispense quelques conseils aux consommateurs sur son site internet. Le mode de conduite, par exemple, peut produire d’heureux effets. Ainsi l’écoconduite (vitesse stable, démarrages non brutaux) permet, à elle seule, de faire fléchir la courbe de consommation de 15%...