«Une moto bruyante qui traverse la ville peut potentiellement réveiller des milliers de personnes»
Natacha Litzistorf, Municipale en charge du logement et de l’environnement
Près d’un Lausannois sur deux doit aujourd’hui dormir dans un environnement plus bruyant que 55 décibels, soit la valeur limite européenne. À l’origine de ce chiffre inquiétant, essentiellement le trafic routier qui perturbe le sommeil. Une situation qui constitue un facteur de risques pour divers problèmes de santé, notamment cardiovasculaires.
«C’est un réflexe humain qui date probablement du temps où nous vivions dans des cavernes. Dès qu’un bruit vient troubler la quiétude, il est reçu comme une menace potentielle par notre corps qui réagit en fonction», détaille le Dr. José Haba-Rubio, l’un des grands spécialistes du sommeil en Suisse romande. Mais un citadin exposé au bruit depuis longtemps y sera-t-il moins sensible? «Il est vrai qu’il existe une certaine habituation au bruit qui permet de ne plus se faire réveiller de la même manière. Par contre, l’exposition au bruit lors du sommeil est aussi un facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires. Et, pour ce dernier, l’habitude ne change rien», répond l’auteur de , publié à la fin de l’année dernière.
Municipalité alertée
Une simple consultation du cadastre du bruit permet de constater que de nombreux logements, situés à proximité de grands axes, exposent leurs habitants à des valeurs de bruit élevées. «D’un point de vue de la santé, il a été prouvé que c’est nocif. Si les enfants sont moins sensibles, les adultes et les personnes âgées qui ont encore de bonnes capacités auditives devraient prendre des précautions. Certaines personnes ne sont même pas conscientes qu’elles sont exposées au bruit, mais elles encourent tout de même un risque cardiovasculaire», précise le Dr. José Haba-Rubio.
Pas facile par contre de trouver des solutions pour la Municipalité. Il existe certes des revêtements routiers innovants qui permettent d’absorber les ondes phoniques, mais il ne sont pas toujours suffisamment efficaces. «Nous avons malheureusement constaté que leur efficacité peut diminuer assez rapidement avec la dégradation du revêtement phono-absorbant, tout particulièrement dans les hauts de Lausanne où les contraintes d’usure sont plus fortes en raison des conditions climatiques plus sévères. Globalement, ils sont moins miraculeux que certains le prétendaient lors de leur arrivée sur le marché», explique la Municipale en charge du logement et de l’environnement, Natacha Litzistorf.
Mesures impopulaires
Il faut donc également passer par d’autres mesures moins populaires, comme la réduction de la vitesse sur certains tronçons. «Le bruit fait partie de nos préoccupations à propos de la réalisation du fameux nouveau projet d’agglomération Lausanne-Morges (PALM). Il faut parfois repenser l’urbanisme», ajoute la Municipale.
«Certains secteurs de ville, où les valeurs limites de bruit ne sont pas respectées, seront assainis jusqu’en 2018. Mais ne nous mentons pas, nous n’y arriverons pas partout. Dans certaines situations, l’action de la ville reste limitée! Indépendamment des valeurs légales, il conviendrait également d’agir sur certains comportements et accessoires de véhicules qui, à eux seuls, produisent un maximum de bruit. Une moto bruyante, par exemple, qui traverse la ville peut potentiellement réveiller des milliers de personnes», analyse Natacha Litzistorf.
Quant aux propriétaires d’immeubles, ils devraient également prendre leur responsabilités et rénover les façades et fenêtres afin de protéger davantage leurs locataires. La base légale s’étoffe sur ce sujet, mais les coûts engendrés par ce type de travaux rebutent bon nombre de régies. Reste alors au locataire la responsabilité de choisir un bien qui l’abritera suffisamment de l’agitation de la ville. Au pire, la solution des boules Quies ou des écouteurs White Noise (un casque qui émet les ondes phoniques inverses de celles détectées dans l’environnement) permet de s’assurer des nuits paisibles.