Les Eurobus cartonnent en Suisse

Mobilité • Les bus blancs et rouges d’Eurobus sillonnent les autoroutes helvétiques depuis 14 mois. Et apparaissent comme une véritable alternative de transport aux CFF. Au point que l'axe Lausanne-Genève va être renforcé.

Premier constat, le lieu de ralliement, la gare routière de Lausanne, à proximité du stade de la Pontaise, est quand même bien éloigné du centre. Mais il est contrebalancé par sa situation, à deux pas de l’autoroute. Ainsi, dès que le bus démarre, il ne perd pas de temps pour rejoindre Genève, puis l’aéroport dans la foulée, une heure et 25 minutes plus tard. Confortable et agréable à l’œil, avec son parterre en simili bois et l’accès gratuit au WiFi, le véhicule ne dégage, de surcroît, qu’un léger bruit de moteur. Quant au jeune et sympathique chauffeur, il ne parle pas français! Toutefois, ses interventions sont rares, se limitant à l’annonce des destinations. Sur cet itinéraire, la compagnie emploie pour moitié des chauffeurs germanophones (Saint-Gall) et, pour l’autre, des chauffeurs romands (de Genève).
Une dizaine de passagers
Le mardi de notre voyage, une petite dizaine de passagers ont embarqué dans la capitale olympique. Parmi eux, un couple de trentenaires d’Annecy, en France voisine, Margaux et Thomas: «Nous arrivons de Buenos Aires et avons opté pour Eurobus swiss-express à l’aéroport de Zurich pour gagner celui de Genève. Le trajet dure 6 heures et nous, avons payé que 43 euros pour deux.» La jeune femme, qui n’aime pas l’avion, envisage le bus pour ses futurs déplacements en Europe, «d’autant que c’est peut-être plus écologique que la voie des airs». 
C’est également le côté financier qui prime pour le Lausannois d’adoption et Somalien d’origine Adan, aide de cuisine, dans le choix  régulier des bus longues distances: «Généralement, l’aller-retour Lausanne-Genève, où je vais voir mon frère et effectuer des achats, me revient à 9 francs, parfois 11.» Il lui arrive de prendre le train – en fonction de son budget –, voire la voiture (en panne à ce moment-là!), pour effectuer cette distance.
Gino (29 ans), réceptionniste dans un hôtel du val d’Aoste, lui, est un client «européen»: «J’ai déjà circulé en Italie, où je réside, et suis parti à Budapest avec FlixBus, que je recommande. Les sièges sont douillets, il y a des prises pour recharger son portable, le WiFi, des ports USB, et, si le temps paraît long, il suffit d’admirer les paysages», sourit-il. Pour son billet Lausanne - Genève et retour du jour, il s’est acquitté de 12 euros.

«Sur l’axe Lausanne-Genève, le concurrent des CFF, c’est la voiture!»

Pour Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF, «notre concurrent principal n’est pas le bus longues distances, mais la voiture individuelle, qui compte des milliers d’utilisateurs. Un bus quotidien, c’est 80 passagers, ce qui correspond, grosso modo, à un wagon. Or, chacun de nos convois entre Lausanne et Genève en compte une dizaine, à raison de dix fois par jour. C’est un autre ordre de grandeur».
Jean-Philippe Schmidt espère qu’avec le développement du RER Vaud et le Léman Express, à Genève, soit un accroissement important de l’offre ferroviaire, davantage de passagers passeront de la route au rail. «Concernant les tarifs, nous n’avons pas attendu Eurobus swiss-express pour les raboter. Comme la compagnie de bus, nous proposons des tickets bon marché lors des réservations anticipées à l’enseigne des billets dégriffés. La réduction peut atteindre 70% pour un trajet précis à une heure donnée. A la différence notable que notre temps de parcours est deux fois plus rapide», conclut Jean-Philippe Schmidt.

«Nous voulons augmenter les liaisons 
Lausanne-Genève»

Roger Müri, directeur des lignes longues distances d’Eurobus swiss-express.
Quel bilan tirez-vous à ce jour de votre ligne Lausanne-Genève?
Elle est l’une des plus importantes de notre réseau depuis son lancement en juin 2018. Avec, de plus, un rapport qualité-prix imbattable. Les CFF ont surtout utilisé des billets dégriffés sur nos lignes. Pour nous, cela signifie que la qualité de nos services est prise au sérieux. Entre Genève et Lausanne, nous ne perdons que peu de temps par rapport au train régional. Le taux d’utilisation a augmenté de manière significative au cours des mois d’été. Nous constatons que l’offre est de mieux en mieux connue.
Prévoyez-vous quand même d’augmenter l’offre entre Lausanne et Genève?
A partir du changement d’horaire de décembre 2019, nous voulons réduire le temps de la liaison entre Genève et Zurich et augmenter le nombre de liaisons entre Lausanne et Genève. Nous prévoyons également de relier Genève et l’aéroport à Fribourg et Berne en fin de soirée et tôt le matin, lorsque les CFF cesseront leurs activités. Cependant, pour chaque ajustement, nous avons d’abord besoin d’un permis de l’Office fédéral des transports.
Quid des véhicules?
Depuis janvier, notre flotte s’est enrichie de six bus longues distances. Désormais, ils disposent tous de deux étages et de toilettes avec accès aux fauteuils roulants, ce qui constitue une première mondiale pour de tels véhicules. L’espace pour les bagages a été agrandi et l’on peut dorénavant embarquer des bicyclettes. Il y a des prises de courant et du WiFi gratuit à chaque siège. Enfin, il est possible de suivre en direct sur son téléphone portable le parcours de son bus, ce qui permet de l’attendre tranquillement devant un café, plutôt qu’inutilement dehors.