Fiasco fédéral, l'éditorial de Philippe Kottelat

C’est une histoire un peu folle. Qui mêle tout à la fois idéologie et aveuglement. Et qui aurait pu passer totalement inaperçue si le coronavirus n’avait pas débarqué dans nos existences au début du mois de mars dernier. Cette histoire, c’est celle de 10’000 tonnes d’éthanol qui se sont envolées et auraient pu permettre à la Confédération de répondre immédiatement à la pénurie de désinfectant dès le début de la pandémie. Et, dans la foulée, d’éviter de voir la population se ruer sur le web pour en acheter à des prix prohibitifs (lire article ci-contre).

L’éthanol. Au cas où vous ne le sauriez pas, c’est un «agrocarburant» produit à partir de matières premières agricoles. Il est souvent utilisé dans l’industrie comme solvant ou désinfectant. Dans le cas du Covid-19, il est un élément essentiel dans la préparation des fameux gels ou liquides dont nous avons tant manqués. La faute à qui? A nos représentants aux Chambres Fédérales qui, à l’unanimité, et dans la foulée de la révision de la loi sur les alcools il y deux ans, ont poussé la Confédération à se séparer de son stock pour le vendre à des privés! Inconscience de la part de nos représentants à Berne? L’ancien Conseiller national et rapporteur de la Commission concernée, le Fribourgeois Jean-François Rime l’avoue avec pudeur: «J’assume que cela ait pu être une mauvaise décision».

Les faits sont pourtant là. Reste juste à espérer que ce fiasco fédéral n’en cache pas d’autres, à l’exemple des masque de protection, introuvables eux aussi au début de la crise du coronavirus. «Gouverner, c’est prévoir!» a dit avec justesse l’homme politique français AdolpheThiers. Dans ce cas précis, la classe politique dans son ensemble ne l’a tout simplement pas fait!