Radicalisation: les musulmans s’engagent

L’UVAM, Union vaudoise des associations musulmanes, a été invitée par la Ville de Lausanne à participer à la plateforme de prévention de la radicalisation dont elle vient de se doter. Le point avec Pascal Gemperli, son secrétaire général.

  • Pascal Gemperli, secrétaire général de l’Union vaudoise des associations musulmanes. DR

    Pascal Gemperli, secrétaire général de l’Union vaudoise des associations musulmanes. DR

L’UVAM a été conviée par la Municipalité à participer à la plateforme de prévention de la radicalisation. Comment concevez-vous ce rôle?

Il s’agit d’un engagement citoyen dans l’intérêt public. Cela va de soi pour nous que de soutenir les autorités dans leurs efforts pour garantir le bien-être et la sécurité pour toutes et tous. Nous considérons cette implication comme une expression de confiance de la part des autorités à notre égard et nous nous efforcerons de mériter cette confiance.

Même si cela n’a pas été formellement précisé, il semble évident qu’il s’agit d’abord et avant tout de prévenir les jeunes tentés de basculer dans la violence ou le djihadisme. N’y a-t-il pas un risque de stigmatisation de l’ensemble des musulmans?

Au contraire, le fait que notre fédération et tous ses membres s’engagent activement pour la prévention de la radicalisation démontre que le phénomène, malgré sa forte présence médiatique, reste en réalité marginal et qu’il atteint avant tout des individus marginalisés qu’il convient de protéger. Aussi, nous constatons que beaucoup de cas, sinon la plupart, sont des situations liées à des simples changements de pratique, des conversions ordinaires, des recherches de sens ou encore des crises d’adolescence. Sans la sensibilisation nécessaire ni des conseils disponibles à seuil bas, ces cas risqueraient de prendre plus d’ampleur que mérité.

Ainsi, cette plateforme permet non seulement de prévenir la radicalisation mais aussi de prévenir des excitations inutiles et donc la stigmatisation.

Enfin, participer à cette démarche en collaboration avec les autorités, ne risque-t-il pas de mettre l’UVAM en porte à faux avec ses propres membres ?

L’UVAM ne s’engage pas dans des activités importantes ou des coopérations stratégiques sans aval de ses membres. C’est le cas dans la situation présente. Plusieurs réunions ont déjà eu lieu entre nos membres et des représentants des autorités à ce sujet. La confiance s’est instaurée et la coopération est devenu une normalité. Je crois pouvoir dire que nous partageons les mêmes objectifs et valeurs: protéger les libertés individuelles, y inclut la liberté religieuse, et assurer le bien-être de tous les citoyens.