Un musée «low cost» pour Ramuz?

PULLY • Un espace muséal sera aménagé à La Muette où Ramuz vécut durant de longues années. Problème: son appartement est voué à la disparition.

  • Le célèbre écrivain vaudois vécut à la Muette durant 17 ans. En médaillon Charles-Ferdinand Ramuz. dr

    Le célèbre écrivain vaudois vécut à la Muette durant 17 ans. En médaillon Charles-Ferdinand Ramuz. dr

Avec l’incroyable musée qui s’est ouvert il y a quelques mois à Corsier-sur-Vevey, Chaplin a eu (enfin) un musée à sa mesure. Avec l’espace muséal que Pully entend consacrer à Charles-Ferdinand Ramuz, le lieu ne sera pas à la hauteur de la renommée du célèbre écrivain vaudois. C’est en tout cas ce que pense la députée Verte Josée Martin qui a déposé une interpellation à ce propos au Grand Conseil et qu’elle a présentée oralement ce mardi.

Dernière chance

«Dans un immeuble classé au patrimoine, cette interpellation est une des dernières chances que nous avons de nous dire: a-t-on réellement tout bien pensé?», avertit-elle. Tout avait bien commencé, lorsque les hériters du célèbre auteur et la Ville de Pully ont souhaité imaginer un centre d’interprétation qui «présente l’homme, sa vie à Pully, sa carrière littéraire et son univers poétique, ainsi que son patrimoine littéraire et artistique». Lieu de ce projet muséal, La Muette, la maison pulliérane sise à la rue Davel où vécut Ramuz entre 1930 et 1947. Voulue par la famille qui est propriétaire de la maison, une commission est aussitôt mise en place et réunissant les autorités communales et cantonales, aboutissant au projet muséal tel qu’il existe aujourd’hui.

Seulement voilà: seul le bureau de l’écrivain sera préservé, l’espace muséal occupant le reste du rez-de-chaussée. À l’étage en revanche, l’appartement de Ramuz disparaîtra pour faire place à des espaces locatifs.

«Je me suis inquiétée lorsque j’ai vu la réaction de l’association des architectes d’art, raconte Josée Martin. Cet appartement est là depuis 70 ans, c’est bien dommage de le faire disparaître alors qu’il reflète l’environnement intime de Ramuz qui est tout de même le Vaudois le plus connu dans le monde. Pourquoi ne pas l’inclure dans l’espace muséal?»

Conseil d’État interpellé

Pour Josée Martin, la famille de l’écrivain n’est pas du tout mise en cause, bien au contraire, celle-ci étant soucieuse de «garder le lieu ouvert». «Mon interpellation s’adresse au Conseil d’État pour qu’il prenne une autre décision et sauve un élément important de notre patrimoine, et ce à un coût raisonnable, conclut-elle. On peut imaginer plusieurs manières de préserver cet appartement, et le canton pourrait par exemple le louer. »

«Le canton n’a pas oublié Ramuz, explique un bon connaisseur du dossier. La preuve c’est que, entre autres, il a largement contribué à la mise en valeur de son œuvre par la publication au fil des ans de ses œuvres complètes. En réalité, ce qui est le plus intéressant dans La Muette, c’est bien le bureau de l’écrivain qui est resté à peu près intact. Alors que l’appartement a été habité par au moins 4 locataires successifs entre 1947 et les années 2010».