«Un côté animal dans cette fonction! »
Vous terminez votre année de présidence du conseil communal lausannois. Comment était-ce?
Honnêtement, c’était une aventure humaine exceptionnelle, émotionnellement très riche. Je ne pensais pas que ce serait à ce point -là!
Riche, pourquoi?
En fait, j’ai pu aller à la rencontre d’univers que je ne fréquentais jamais ou peu, comme le sport, la protection civile, les pompiers etc. Et puis, j’ai pu constater que la fonction suscite beaucoup de respect. Pour beaucoup de gens, c’est un honneur de recevoir la première citoyenne de la commune, et ça fait très plaisir.
Qu’y a-t-il de particulier dans cette fonction?
D’abord, on ne représente plus un parti mais une fonction, et il ne faut jamais perdre ça de vue, que l’on soit sur un plan institutionnel ou sur un plan privé d’ailleurs! L’autre aspect est bien sûr l’importante charge de travail, qui cannibalise pas mal les activités professionnelles et la vie privée. Enfin, il est important de suivre les débats avec beaucoup plus d’attention et de concentration que lorsqu’on est simple conseiller communal! Mais je m’étais préparée à tout cela, y compris psychologiquement.
Quelle difficulté avez-vous rencontré dans votre rôle de présidente?
Le plus difficile a été d’exercer une autorité durant les débats, sans avoir les instruments qui permettent de l’exercer. Aucun instrument, ni dans le règlement, ni dans notre culture n’est disponible pour dire: «Stop!». Alors, il faut jouer de l’humour, exprimer son autorité autrement... Il y a un côté animal dans cette fonction (rires)!
Selon vous, que faudrait-il améliorer?
Nous sommes un des seuls parlements de ville en Suisse à ne pas limiter le temps de parole. Nous pourrions agir dans cette direction pour certaines de nos initiatives, et renforcer les moyens de gestion d’une assemblée en améliorant les procédures.
Quel a été le dossier le plus difficile à gérer?
Incontestablement, la loi cantonale sur les communes, qui va induire un handicap dans le fonctionnement des conseils communaux, en «juridicisant» à outrance la politique. C’est un effet pervers qui est nuisible à l’exercice de la citoyenneté.
Vous avez visiblement pris beaucoup de plaisir à cette présidence. Pourtant, on y reçoit également des coups...
Il y a longtemps que j’ai appris à faire la part des choses et à encaisser les critiques, ce sont les risques du métier! Beaucoup de choses peuvent me faire rager, mais aucune ne me détruit (rires)!
Qu’avez-vous appris sur vous même ?
Cette expérience m’a surtout confirmé que je reste une grande passionnée du et de la politique! Le recul qu’impose la fonction m’a en outre permis de retrouver le plaisir de la politologue que j’étais... Enfin, j’ai beaucoup gagné en sérénité...
Quel conseil donneriez-vous au PLR Jacques Pernet, votre successeur à la présidence du conseil communal?
Comprendre que l’engouement que l’on suscite n’émane pas de nos qualités personnelles mais de la fonction. Mais il n’y a pas de risques avec Jacques Pernet, qui est quelqu’un de très humble!
Quels sont désormais vos défis professionnels et politiques?
D’une part je vais continuer à diriger l’ONG Equiterre, tout en reprenant la présidence de la Fédération romande des consommateurs (FRC). D’autre part, j’ai plus que jamais envie de continuer la politique et, pourquoi pas, en mettant mes compétences au service d’un exécutif! Mais la décision appartient à mon parti et in fine à la population