Menace terroriste: Vaud va créer une unité spéciale

  • La menace terroriste pousse le canton de Vaud à réagir. Genève va faire de même.
  • Des unités de forces spéciales vont être créées dans les deux cantons.
  • Elles seront composées de policiers et d’ambulanciers formés aux stratégies d’intervention.

  •  Ces unités spéciales seront composées de policiers et d’ambulanciers formés aux techniques et stratégies d’intervention. DR

    Ces unités spéciales seront composées de policiers et d’ambulanciers formés aux techniques et stratégies d’intervention. DR

«Il ne faut pas que les ambulanciers puissent être confondus avec des policiers.»

Claude Danzeisen, médecin responsable de l’ORCA

De nouvelles unités de forces spéciales vont être créées dans les cantons de Vaud et Genève pour faire face à la menace terroriste, mais également pour intervenir dans des situations dangereuses ou délicates, comme l’interpellation d’un individu dangereux ou une prise d’otage. Les derniers attentats de Paris et de Bruxelles sont à l’origine de la décision de créer ces deux unités. Elles seront composées de policiers et d’ambulanciers spécialement formés aux techniques et aux stratégies d’intervention.

Actuellement, même si Genève dispose du Groupe d’intervention de la police cantonale (GRIC) et le canton de Vaud du Détachement d’action rapide et dissuasion (DARD), il n’existe pas de cellule de ce genre pour effectuer des missions difficiles. C’est pour combler cette lacune que ces deux projets relativement semblables ont été lancés à Genève et à Lausanne.

Une dizaine d’hommes

A Lausanne, il s’agit d’un projet cantonal piloté par l’Organisation en cas de catastrophe (ORCA) du Service de la santé publique vaudoise. Il concerne une dizaine d’hommes qui suivront une formation spéciale. Policiers et ambulanciers seront entraînés à coordonner leur intervention. «Les forces de l’ordre doivent tout d’abord sécuriser les lieux pour que les professionnels de la santé puissent faire leur travail. Car c’est la police qui doit prendre un risque, pas les secouristes», explique Claude Danzeisen, médecin responsable de l’ORCA. Aucun budget n’a encore été fixé pour ce projet, qui implique également des changements au niveau de l’équipement. Les forces de l’ordre seraient actuellement sous-armées par rapport aux terroristes.

Pour ce qui est des ambulanciers, leur matériel de protection sera renforcé. Ils porteront sans doute des genouillères, afin de ne pas se blesser avec des bris de verre lorsqu’ils se mettent à genoux pour porter secours à quelqu’un. «Mais il ne faut pas que les ambulanciers puissent être confondus avec des policiers, ce serait contre-productif. Ils se font déjà régulièrement agresser parce qu’on les assimile aux forces de l’ordre», précise Claude Danzeisen. Et c’est bien là le problème: tout comme les policiers, «les ambulanciers sont devenus des cibles».

Une initiative privée

A Genève, l’initiative vient de la compagnie privée Swiss Ambulance Rescue (SAR). «Dans un premier temps, nous prévoyons de former une dizaine de nos hommes avec le concours de l’Académie de police de Savatan», affirme Stéphane Jaccard, directeur opérationnel de la société. Le budget se monte à 50’000 francs, dont 35’000 francs rien que pour la formation qui comptera au moins une dizaine de jours. L’équipement sera revu. Ainsi, le gilet pare-balles devrait s’imposer pour les ambulanciers. Une collaboration sera ensuite recherchée avec la Direction générale de la santé (DGS).

Un vrai changement

Sous couvert d’anonymat, un professionnel n’hésite pas à parler d’un renversement de paradigme: aujourd’hui, l’uniforme n’est plus respecté, il est attaqué! Insultes, crachats, baffes, morsures, coups de couteau, tentatives de strangulation sont monnaie courante. Pas étonnant que le port du gilet pare-balles commence à devenir habituel pour les ambulanciers. «A Genève, nous sommes les premiers à en avoir équipé nos hommes pendant leur formation», indique Christoffe Jonin, directeur administratif chez SAR.

C’est justement pour éviter de rendre les ambulanciers trop visibles que la société SAR se demande actuellement s’il ne faudrait pas renoncer aux bandes réfléchissantes sur leurs uniformes. Mais est-ce là une solution? «Avancer masqué est un avantage à condition d’être équipé pour riposter aux tirs ennemis. Or, les ambulanciers ne seront jamais armés», remarque Claude Danzeisen.

La haine de l'uniforme

Les agressions sur les policiers et les ambulanciers sont en hausse un peu partout en Suisse romande. A Lausanne, par exemple, le nombre d’incidents serait passé d’une petite vingtaine en 2010 à plus de quarante actuellement, selon une estimation de la division «groupe sanitaire» du Service de protection et sauvetage de Lausanne (SPSL).

Mais le phénomène concerne également les blouses blanches. A preuve: les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), qui ont engagé près de trente agents de sécurité, ont décidé en 2016 de porter systématiquement plainte en cas d’agression contre le personnel soignant. Selon diverses études étrangères, l’attente aux urgences constituerait la situation la plus explosive. A noter que les agressions sont de plus en plus souvent le fait des personnes qui accompagnent les patients.