Au cinéma cette semaine un "Petit pays" au coeur de la guerre au Burundi

"Petit pays" est un film touchant et dérangeant en forme de plongée émouvante et dérangeant au coeur du conflit burundais. Quant à "Enragé", il est loin d'atteindre la qualité de "Chute libre" qui explore la même thématique avec bien plus de talent.

La guerre et les troubles du monde vus à travers les yeux d’un enfant, qui devra affronter la mort et la violence

A VOIR - PETIT PAYS
Après avoir adapté «La Promesse de l’Aube» de Romain Gary, le réalisateur Eric Barbier transpose à l’écran le formidable roman éponyme de Gaël Faye, dans lequel il raconte son enfance dans les années 90 au Burundi avec son père, un entrepreneur français, sa mère rwandaise et sa petite sœur. La vie est belle pour le petit garçon métis qui passe son temps à faire les quatre cents coups avec ses copains jusqu’à ce que la guerre civile éclate et mette brusquement fin au temps léger de l’enfance. La guerre et les troubles du monde vus à travers les yeux d’un enfant, qui devra affronter la mort et la violence et faire le deuil de son innocence, sont au cœur de ce très beau récit magnifiquement interprété et servi par une mise en scène à la fois sobre et ample. Eric Barbier nous plonge au cœur de ce petit pays d’Afrique et de cette période troublée en laissant de la place à ses personnages et à leurs émotions. Quant à Jean-Paul Rouve, intense et touchant, il tient ici sans aucun doute un de ses tout meilleurs rôles.

A EVITER - ENRAGE
Une mère se fait poursuivre par un psychopathe en gros 4x4 après qu’elle lui ait klaxonné dessus alors qu’il tardait à redémarrer à un feu. Le brillant et subtil Russel Crowe est l’atout majeur de cette série B au script écrit au burin. Seulement voilà, même le formidable acteur campe ici un personnage caricatural et bouffi, qui pète littéralement les plombs, et donc les intentions sont claires (il veut un déchaînement de violence) mais le prétexte un peu léger: c’est juste un détraqué. Sans recul ni profondeur, le film explose sa violence gratuite dans un enchaînement de séquences pas très intéressantes ni même effrayantes dès lors qu’on en a compris le principe, et qu’on s’en lasse vite. Dans la même veine, on préfère mille fois l’excellent «Chute Libre» avec Michaël Douglas, sorti en 1993, avec son splendide sous-texte politique, ou l’inoubliable «Duel» de Steven Spielberg, autrement plus flippant.