Que voir ce dimanche soir à la télévision?

Ce soir, il y a à la télévision un excellent cocktail à base d'un mélange de Cédric Klapish et de Georges Clooney. Par contre, avec ses Fantômes d'Ismaël, Arnaud Desplechin fait un flop magistral.

Comme souvent chez Klapisch, une profonde humanité, des dialogues savoureux et intelligents, de la tendresse, et du rire font de ce cru 2017 une excellente cuvée

A VOIR
Ce qui nous lie, dimanche 17 mai, 21h France 2
Cédric Klapish délaisse les villes qui l’inspirent tant et prend la tangente bourguignonne pour nous raconter une histoire de fratrie décomposée qui va se reconstruire au gré des saisons, mûrir et se bonifier comme le vin qu’ils fabriquent. Car ces frangins-là, impeccablement interprétés par Pio Marmaï, Ana Girardot et François Civil, doivent reprendre en mains la propriété viticole familiale après le décès de leur père. Comme souvent chez Klapisch, une profonde humanité, des dialogues savoureux et intelligents, de la tendresse, et du rire font de ce cru 2017 une excellente cuvée.

Monument men, dimanche 17 mai, 21h05, France 4
Georges Clooney signe un classique instantané, du cinéma old fashionned, vieilli en fût de chêne. Même la musique signée Alexandre Desplat a un petit air d’Indiana Jones sur le Pont de la Rivière Kwaï! Inspiré d’une histoire vraie, « Monuments Men » est un grand film d’aventures sur fond de guerre, saupoudré d’humour, d’émotion, de réflexion et de quelques bons mots savoureux. Un jeu de piste épique entre une poignée d’alliés experts en histoire de l’art et des acculés de Nazis, toujours bêtes et méchants, servi par une magnifique brochette d’acteurs.

The square, lundi 18 mai, 20h55, Arte
Au début, cette Palme d’Or 2017 peut désarçonner, sans doute à cause de son cynisme sophistiqué et délicat, de sa précaution à ne jamais trop en faire. Et puis la subtile misanthropie du film nous rattrape bientôt, drôle et cruelle: le suédois Ruben Östlund assaisonne gaillardement l’art contemporain, les bobos, les riches, les citadins pseudo-écolos, les bourgeois, les journalistes, les publicitaires, les communicants, bref, tous ceux qui s’achètent une conscience citoyenne et branchée de façade, mais qui semblent toujours vivre au-dessus du monde. Rattrapés soudain par la réalité, ce petit monde blanc et dominant se délite doucement dans une tragi-comédie aux plans magnifiques et à l’humour inattendu.

A EVITER
Ibiza, vendredi 15 mai, 21h, Canal +
Christian Clavier nous sert la même sauce depuis quinze ans, sauf qu’ici, à la place de jouer un plouc du moyen-âge, il joue le rôle d’un sexagénaire bourgeois et ringard qui découvre Ibiza. Voilà, c’est toujours la même chose, choc culturel et générationnel décliné à grands coups de grimaces et de gags faciles. Le casting improbable nous livre en seconds rôles JoeyStarr et Olivier Marchal en pleine galère avec leurs personnages mal dégrossis. Un film signé Arnaud Lemort, un réalisateur qui porte bien son nom, dans le genre «agonie de la comédie française».

La momie, samedi 16 mai, 20h50, RTS 2
«La Momie» est le reboot du film de 1999, qui était un remake du film de 1971, qui était une reprise du film de 1959, qui était la redite du film de 1940, lequel était le décalque du film de 1932. Bref, ça ne sent pas le neuf. Ce premier volet de la franchise Dark Universe, qui devait remettre au goût du jour toutes les grandes figures des monstres Universal est une énième version inutile façon «Monsieur Plus»: plus d’action, plus d’effets spéciaux, plus d’humour, mais hélas aussi beaucoup moins de charme et d’intelligence, avec un Tom Cruise pas très crédible en sous-Indiana Jones surexcité.

Les fantômes d'Ismaël, dimanche 17 mai, 22h55, France 2
À la veille du tournage de son nouveau film, la vie d’un cinéaste est chamboulée par la réapparition d’un amour disparu. Moins auteuriste qu’à l’accoutumée, mais toujours aussi confus, Arnaud Desplechin se risque à la mise en abyme et on a vite l’impression qu’en nous parlant d’Ismaël, il nous parle de lui. C’est dommage car dans ce grand fatras de séquences décousues, certaines scènes sont très fortes, tandis que d’autres massacrent les talents d’acteur de Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg et Mathieu Amalric, dans des errances amoureuses qu’un intellectualisme bon teint tente en vain de sauver de la saveur d’un mauvais feuilleton sentimental.