La Favorite, au cinéma
On ne sait pas encore très bien comment prononcer son nom, mais une chose est sûre, il va falloir le retenir. En une poignée de films, Yórgos Lánthimos a su imposer son style inimitable dans la cour des grands d’Hollywood. A l’instar d’un Stanley Kubrick qui triturait l’essence même du 7e art, le cinéaste grec s’approprie les grandes figures cinématographiques pour les réinterpréter dans des variations osées et inspirées. C’est le film historique en costumes qu’il revisite avec impertinence et maestria dans «La Favorite», qui retrace la lutte sans pitié que se livrent deux courtisanes pour avoir les faveurs de la Reine d’Angleterre au début du XVIIIème siècle. Résolument moderne et réjouissant, le film ne souffre d’aucun temps mort, porté de manière lumineuse par Olivia Colman, Rachel Weisz et Emma Stone, et offre un curieux jeu de reflets entre le monde passé qu’il dépeint avec une certaine cruauté et quelques réalités bien contemporaines.
Jersey Boy, vendredi à 23h50, sur RTS Deux.
En racontant le destin hors norme de Frankie Valli et son groupe mythique «The Four Seasons», à qui l’on doit certains tubes intemporels comme «Sherry», «Big Girls Don’t Cry» ou «Can’t Take My Eyes of You», c’est le mythe de l’Amérique que Clint Eastwood embrasse dans un beau film tout en élégante sobriété. A travers l’histoire de ce fils de coiffeur qui commencera une carrière de chanteur dès l’âge de sept ans pour devenir une des plus grandes icônes de la musique des sixties, le cinéaste travaille ses thèmes favoris avec élégance dans une variation beaucoup plus subtile qu’il n’y paraît, tissant un sous-texte parfois critique entre ce mythe américain qu’il semble tant louer et sa réalité parfois douloureuse.