Récemment, Olivier, quadragénaire lausannois, s’est inquiété de la radicalisation religieuse de sa sœur et particulièrement des conséquences inquiétantes qu’elle avait sur ses enfants (voir encadré ci-dessous). Malgré son signalement au Service de Protection de la Jeunesse, celui-ci n’a pas jugé qu’il était nécessaire d’entendre les enfants ou de rencontrer les parents. Olivier, très inquiet et se sentant incompris, a contacté Lausanne Cités. Contacté par nos soins, Christophe Bornand, le Chef de service du SPJ, explique : « Tous les signalements n'invitent pas forcément à entendre les enfants ou les parents. En effet, certains d'entre eux, de par leur contenu, ne valent pas comme signalement. Nous nous renseignons aussi auprès d'autres services de l'état en contact avec les enfants comme les directions d'établissement scolaire. Nous pouvons aussi prendre contact avec la police pour vérifier s'il y a des antécédents. » Cela dit, à écouter l’oncle des enfants, leur isolation est bien réelle et serait de nature à entraver leur développement. Mais comment le SPJ pourrait-il aller à l’encontre de ces contraintes alors qu’elles sont acceptées sans rouspéter par les enfants et que les parents les justifient avec des arguments religieux et culturels ? « Une culture différente peut impliquer une autre éducation; si nous sommes interpellés à ce sujet, nous vérifions que l'enfant n'est pas en danger et que ses parents répondent à ses besoins en matière de développement physique, psychique, affectif ou social. », répond le chef du SPJ.
En pratique
A les écouter, le SPJ est donc parfaitement organisé pour réagir dans une telle situation, mais lorsqu’on prend connaissance de l’histoire d’Olivier, on est en droit d’en douter. A leur décharge la détection d’une dérive sectaire est extrêmement compliquée et plus encore la recherche de preuve des conséquences dangereuses sur l’éducation des enfants en bas âge. De plus, la frontière est très fine entre la simple interprétation stricte du dogme d’une religion et une dérive sectaire qui entrainerait ensuite des problèmes psychiques sur l’enfant. Enfin, la radicalisation religieuse n'est pas aujourd’hui un sujet de signalement que le SPJ vaudois a l’habitude de traiter. Cela dit, au vu de l’actualité, il est probable que d’autres cas de cette nature surgissent et il serait rassurant que, lorsque l’entourage les signalera, il se sente davantage considéré et accompagné qu’Olivier.